Des labels et certifications engagés pour l’agriculture de demain

  • Auteurs : Violette Ricard et Pauline Faucher
  • Temps de lecture estimé : 5 minutes

La labellisation en agriculture devient de plus en plus complexe et la liste des certifications ne cesse de s’accroître. Nous allons ici aborder une liste non exhaustive des certifications et labels qu’on peut trouver en France. Ceux-ci peuvent être validés par l’INAO (Institut National des Appellations d’Origine) qui délivre notamment des labels comme AOP (Appellation d’Origine Protégée), AOC (Appellation d’Origine Contrôlée), IGP (Indication d’Origine Protégée) ou encore le label Agriculture Biologique. [1]

Les labels au service de l’agriculture raisonnée

Le label CRC

Suite au regroupement de certains agriculteurs émergent des idées collectives qui peuvent s’organiser non seulement sur la partie production mais sur tout le long de la filière. Il s’agit de certifications comme la CRC : Culture Raisonnée Contrôlée. 

Dans les années 90, des agriculteurs céréaliers bourguignons ont décidé de mettre en commun leurs réflexions pour instaurer une filière de qualité respectueuse de l’environnement et de la santé. En effet, leur projet repose sur les différents piliers du développement durable. Tout d’abord, leurs cahiers des charges stricts imposent aux agriculteurs de respecter davantage l’environnement en réduisant l’utilisation de pesticides et d’amendement sur les parcelles, mais ils définissent également une réglementation stricte quant à la préservation de la biodiversité. D’un point de vue social, ce label garantit une juste rémunération des agriculteurs : par exemple, les organismes stockeurs touchent une prime de 21€ par tonne de blé, qu’ils partagent avec les agriculteurs. Finalement, la filière est aussi viable d’un point de vue économique : les rendements obtenus sont très comparables aux rendements de l’agriculture conventionnelle, tout en réduisant l’apport d’intrants (et donc leur coût de production). Par ailleurs la filière impose une obligation de résultat, c’est à dire qu’un agriculteur ne peut faire du CRC que si sa coopérative est CRC. Celle-ci ne peut l’être qu’à condition de vendre les récoltes à un industriel adhérant aussi à la filière. [2]

Le label ZRP

Dans ce même état d’esprit, on trouve le label Zéro Résidu de Pesticide qui est une initiative du Collectif Nouveaux Champs. Il s’agit d’un mouvement citoyen de producteurs français, acteurs volontaires de la transformation agricole de notre pays. La dynamique du projet permet de répondre aux enjeux environnementaux de demain tout en valorisant le travail des agriculteurs et en obtenant une meilleure rémunération. Aujourd’hui, une quarantaine d’espèces de fruits, légumes, céréales, surgelés sont certifiés ZRP. Les producteurs s’engagent à respecter un cahier des charges qui leur impose de mettre en œuvre une combinaison de méthodes et de pratiques culturales qui visent à diminuer de 41% l’utilisation de pesticides de synthèse. Après la récolte, ces productions font l’objet d’analyse des résidus par un organisme certificateur dans la limite des quantifications (de 0,01mg/kg). Cela va finalement amener sur le marché un produit avec un taux de pesticides faible, c’est-à-dire meilleur pour la santé du consommateur et de l’agriculteur. [3]

La certification en agriculture biologique

Le label AB

De plus, il existe une certification pour l’Agriculture Biologique. La certification AB (un label français mais valable aussi pour des produits de provenance européenne) atteste que la production a eu recours à des pratiques de culture et d’élevage soucieuses du respect de la santé des consommateurs et des équilibres naturels. Le logo identifie les produits 100% bio ou les produits bio transformés contenant au moins 95 % des ingrédients élaborés sans produits chimiques tels que pesticides et engrais chimiques de synthèse, sans antibiotiques ni OGM. Ce label est désormais facultatif au profit du logo bio européen. Le logo bio européen est obligatoire sur les produits bio alimentaires pré-emballés au sein de l’Union Européenne. Il comprend le code de l’organisme certificateur (FR-BIO-XX) qui a contrôlé la conformité du produit bio aux règles définies. La mention Agriculture suivi du nom de pays ou UE informe qu’au moins 98% des ingrédients du produit en sont originaires. Dans le cas contraire, c’est la mention Agriculture NON-UE qui est affichée. [4]

Logo français et logo européen du label AB

Le label Bio Cohérence

L’extension européenne de la certification agriculture biologique impliquait une baisse des exigences notamment quant à la traçabilité des produits et aux audits. Certaines organisations de l’agriculture biologique ont ainsi décidé de mettre en place le label Bio Cohérence

Il s’agit d’une marque française de filière portée par des producteurs, des transformateurs, des distributeurs et des consommateurs. A ce jour, elle couvre principalement les produits alimentaires. D’autres produits sont également labellisés, comme des semences, des plants et des fleurs. [5]

Un label tourné vers une philosophie de vie : la biodynamie

Les labels, en plus de valoriser les produits, permettent d’atteindre des consommateurs ciblés. Par exemple, certains agriculteurs ont souhaité faire de leur production une véritable philosophie de vie. Le label Demeter en a découlé, un label qui se focalise sur l’agriculture en biodynamie. Ce label a été créé en 1928 par l’occultiste autrichien Rudolf Steiner, fondateur du mouvement de l’anthroposophie. Ainsi, tous les consommateurs qui s’intéressent à la biodynamie peuvent facilement trouver des produits qui leur conviennent grâce à la certification. La valeur scientifique ajoutée à ce label semble plus controversée : en effet le fondateur du mouvement se base majoritairement sur son intuition.

La biodynamie se distingue de l’agriculture biologique en englobant non seulement les techniques agricoles, mais aussi des rituels de nature mystique : « Le paysan qui accepte de se plier au cahier des charges de Demeter, la marque de certification des produits agricoles cultivés en biodynamie, ne se borne pas à produire des fruits ou des légumes biologiques — cette sorte de druidisme lui impose de manipuler des cornes remplies de bouse et des vessies de cerf et de respecter un calendrier cosmique. Comme pour des viandes halal ou casher, les vins et carottes biodynamiques signalent qu’ils respectent une codification rituelle » (Le Monde diplomatique, no 772,‎ 2018, p. 16 – 17). Il s’agit donc d’un type d’agriculture bien spécifique mais qui s’implante de plus en plus dans l’agriculture européenne. En France par exemple, on compte 745 fermes qui sont certifiées, cela représente 14 629 ha.

Voici donc ici une liste non exhaustive de labels qui existent à l’échelle française et même européenne. Chaque label impose une réflexion importante notamment sur le mode de production mais implique également une réflexion plus globale et générale sur les filières, leur implantation à l’échelle nationale, les stratégies marketing et de R&D qu’on peut trouver derrière. C’est pourquoi chez AgroParisTech Service Études, nous pouvons vous aider à réaliser un premier pas dans ces recherches. Nous pouvons notamment vous aider à réaliser des études bibliographiques, de marchés mais aussi sur l’implantation des filières. 

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