8 nov. 2021
Figure 1 – Répartition de la production de déchets non dangereux non minéraux hors boues en 2016
L’enjeu pour les entreprises est conséquent
La gestion des déchets est une préoccupation environnementale pour 56% des établissements industriels (contre 53% en 2012). En outre, 14% de ces établissements y voient un enjeu économique, 10% un moyen de rationaliser le fonctionnement tandis que 19% la ressentent surtout comme une contrainte. La valorisation des déchets est une éventualité séduisante, autant pour les finances d’une entreprise que pour l’environnement. Il est dès lors intéressant de comprendre comment les entreprises gèrent actuellement leurs déchets et d’étudier l’impact de la non valorisation des déchets.
Définitions préalables
Pour bien comprendre le contexte, quelques définitions s’imposent. Il existe plusieurs types de déchets :
Les déchets banals : ils regroupent les déchets en mélange et les déchets triés produits par une activité de manière courante, comme par exemple : le bois, le papier-carton, le caoutchouc, métaux…
Les déchets organiques : ils proviennent des matières d’origine animales ou végétales.
Les déchets ponctuels : ils dépendent d’infrastructures – comme les déchets alimentaires pour les établissements ayant une cantine – ou sont des déchets produits non couramment.
D’après l’INSEE, deux tiers de ces déchets sont produits par quatre secteurs d’activités : la métallurgie, l’industrie du papier-carton et de l’imprimerie, l’industrie du bois et les industries agroalimentaires (IAA).
Comment gérer les déchets industriels ?
Dans une grande majorité des industries, les établissements mettent en place une procédure de gestion de leurs déchets. Suivant la nature des déchets, leur condition d’évacuation n’est pas identique. La gestion des déchets est déjà spécifique, et très coûteuse. Par exemple, des gants jetables devront être jetés dans des sacs poubelles, eux-mêmes placés dans des conteneurs.
Pour le secteur des IAA, prenons l’exemple de la filière fruits et légumes. Les déchets proviennent souvent de produits non conformes ou hors calibre. Il serait intéressant de segmenter les sous-produits et d’identifier des valorisations à plus forte valeur ajoutée. Plus généralement, la valorisation des coproduits constitue un véritable gain économique : les entreprises peuvent faire des bénéfices sur ces valorisations. La valorisation des déchets limite aussi l’impact sur l’environnement et est donc intéressante dans la mise en place de politiques plus vertes.
Une valorisation croissante des coproduits
Ainsi, certaines entreprises se sont lancées dans la valorisation de leurs coproduits, auparavant considérés comme des déchets. Détaillons quelques exemples de dispositifs innovants, élaborés afin de limiter le gaspillage lié à l’évacuation de certains produits.
L’exemple de l’industrie viticole
(Les données de cette partie sont extraites d’un projet étudiant mené par des élèves de première année à AgroParisTech en 2020-2021 sur « Les coproduits de la vignes ».)
L’industrie viticole est à l’origine de nombreux coproduits, issus soit directement de la vigne soit du processus de vinification. Identifions ces coproduits. La vigne va générer des coproduits tels que :
Les rafles : supports pédonculaires et ligneux de la grappe sur lesquels sont accrochés les raisins ;
Les sarments : rameaux ligneux verts qui sont les jeunes pousses de l’année qui portent les récoltes ;
Les feuilles.
Quant au processus de vinification, il est à l’origine :
Du marc de raisin : pellicule colorée composée de la peau, des pépins et des éventuelles rafles qui se forment lorsqu’on presse le raisin ;
Des lies de vin : sédimentation des levures mortes après qu’elles aient effectué la fermentation.
Ces coproduits doivent en partie ou dans leur totalité être livrés aux distilleries en fonction de la législation appliquée selon la région et le cépage. C’est à partir de là que leur valorisation commence.
Le marc et les lies de vin sont distillés donnant plusieurs produits qui seront utiles. L’alcool de marc est utilisé en industrie comme alcool industriel mais aussi comme carburant. L’alcool de lie permet de fabriquer des brandys ou des alcools de bouche. Ces alcools ne sont pas les seuls produits obtenus par la valorisation des coproduits viticoles.
Des pigments tels que les anthocyanes sont récupérés et utilisés comme colorants dans l’industrie alimentaire. Du tartrate de potassium et du tartrate de calcium sont extrait des lies de vin pour in fine produire de l’acide tartrique. Celui-ci est un conservateur utilisé en agroalimentaire.
Un dernier exemple est la partie solide des raisins qui permet de produire de l’huile de pépins de raisin, dont la France est le premier producteur mondial.
L’exemple de l’industrie de la pêche
Les coproduits de la pêche tendent également à être de mieux en mieux valorisés.
Quelques projets de recherches travaillent actuellement sur ce sujet comme celui porté par l’Institut des Sciences Analytiques et de Physico-Chimie pour l’Environnement et les Matériaux (IPREM).
Les coproduits sont issus des procédés de transformation des produits de la mer, ils apparaissent soit directement à bord (produits rejetés du fait de leur faible valeur commerciale) soit sur terre après quelques étapes de transformation. Ces coproduits représentent 30 à 60% de l’animal et peuvent être ses viscères, sa carapace ou sa coquille, ses branchies… Cependant, ces coproduits sont riches et peuvent potentiellement être valorisés : ils contiennent des protéines à hautes valeurs nutritives, des vitamines, des acides gras insaturés (les oméga 3) ou encore des antioxydants.
Le secteur principal utilisant les coproduits de la pêche est celui de l’agriculture avec la production de farines brutes et d’huiles de poissons. Il existe aussi plusieurs applications dans le secteur des énergies et industries, de l’alimentation animale et humaine, ou encore de la cosmétique. En effet, certains composés comme le collagène, la chitine ou la kératine peuvent être utilisés dans l’élaboration de crème et de produits pour la peau, les cheveux et même les ongles. Finalement, de nombreuses applications variées existent pour la valorisation des coproduits des produits de la mer dans plusieurs secteurs.
Conclusion
La valorisation des coproduits présente ainsi de nombreux avantages, et résultent de dispositifs ingénieux. A la maison comme dans l’industrie, elle contribue à la diminution des déchets, et constitue des bénéfices économiques et écologiques.
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