15/03/20

Les CIVEs, des cultures à forts potentiels économiques ?

Suite à l’industrialisation et à l’utilisation de ressources fossiles, de nombreux pays se sont tournés vers les énergies renouvelables. Les plus utilisées au 31 décembre 2017 pour produire de l’électricité, d’après RTE, le Réseau de l’Intelligence Electrique, sont l’énergie hydraulique, l’énergie éolienne et l’énergie solaire. Les bioénergies arrivent en 4e position mais sont toutefois multifonctionnelles et interviennent notamment dans les systèmes de chauffage ou dans la production de carburant. Elles représentent ainsi une portion non négligeable des énergies renouvelables.

Les CIVEs : des intercultures aux multiples bénéfices

Des bénéfices à la fois agronomiques et énergétiques, voilà ce que semblent apporter les CIVEs aux agriculteurs. Ces Cultures Intermédiaires à Vocation Énergétique (appartenant au groupe des Cultures Intermédiaires Multi-Services qui se sont popularisées ces dernières années), sont semées et récoltées entre deux cultures principales. Elles offrent de nombreux avantages agronomiques en préservant les sols de l’érosion, en limitant le lessivage des intrants, ou encore en réduisant la prolifération d’adventices ou de maladies, lorsque l’association avec la culture suivante est favorable. Elles jouent également le rôle de puits de carbone. Une fois récoltées, elles sont exploitées comme substrat dans les méthaniseurs grâce à leur fort potentiel méthanogène.

Les potentiels énergétiques et économiques

Les méthaniseurs, aussi appelés digesteurs ou réacteurs à biogaz et dont l’un des principaux se situe à Thiverval-Grignon au sein de la ferme expérimentale d’AgroParisTech, permettent la production de biogaz et d’un digestat pouvant servir de fertilisant à partir d’un processus de fermentation anaérobie de matière organique. Le biogaz permet lui de produire de la chaleur et de l’électricité mais peut également être purifié en biométhane et servir entre autres comme carburant pour les transports, assurant ainsi des revenus supplémentaires à son propriétaire. Le potentiel méthanogène serait de 100 à 200 m3 de biogaz par tonne de matière brute selon les cultures tandis que le biométhane issu des CIVEs représenterait environ 50 TWh/an.

Les CIVEs constituent cependant une charge de travail supplémentaire pour l’agriculteur afin d’obtenir un rendement suffisant. Faire reconnaître les CIVEs comme SIE (Surface d’Intérêt Écologique) permettrait aux agriculteurs d’augmenter leurs chances de rentabilité ainsi que de remplir leurs obligations de verdissement pour obtenir les aides de la PAC. Elles sont accordées aux entreprises agricoles exploitant 5% de leurs terres arables à des fins écologiquement durables.

Ainsi, si les études concernant l’intérêt des CIVEs se multiplient, celles-ci ne présentent un avantage à l’heure actuelle que pour les agriculteurs disposant d’ores et déjà de méthaniseurs, car les rendements restent variables pour ces intercultures et leur entretien nécessite un coût et un travail pas encore couvert par la vente de la biomasse produite.

17/01/19

European green Deal : l’Europe, futur leader de la transition écologique ?

Arrêt de la consommation de viande, conversion au Zéro Déchet, ou encore Flygskam (« honte de prendre l’avion », en suédois), la population européenne tente de prendre des mesures à son échelle, pour ralentir sinon stopper le réchauffement climatique. A bien écouter les recommandations du GIEC, ces tentatives, louables, seraient vaines sans une métamorphose globale de l’industrie et du système, que seuls les gouvernements seraient en mesure d’amorcer. Ce changement ne pourrait cependant se faire, selon ses détracteurs, qu’au détriment de la société, de l’économie et de l’humanité. 

L’appel d’une population jeune et inquiète

De tous les côtés du globe émergent les revendications d’une population, jeune et inquiète de l’inaction des autorités face à l’urgence climatique. Elle réclame des mesures claires, des décisions audacieuses, pour éviter une catastrophe humaine déjà engagée. 

Face à ces appels, la Commission Européenne décide de faire de l’Europe le continent leader de la transition climatique en proposant un European Green Deal. Ce Pacte Vert pour l’Europe est inspirée du Green New Deal américain portée par l’aile écologiste du parti Démocrate, qui lui fait référence au plan lancé par Roosevelt en 1933. 

L’ambition européenne : une nouvelle économie responsable

Présenté mercredi 11 décembre par la nouvelle présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, l’European Green Deal revendique une nouvelle stratégie de croissance basée sur une réévaluation de tous les aspects du système réglementaire et législatif européen, afin de « réconcilier l’économie avec la planète ». Le but étant de construire une économie qui puisse satisfaire les besoins du marché de travail, la réduction d’inégalités entre les individus tout en respectant l’environnement. 

Les objectifs du Pacte Vert

Ambitieux, ce Pacte Vert pour l’Europe a pour objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, en réduisant les émissions de CO2 de 50 voire 55% au cours des prochaines décennies contre un objectif actuel de 40%, mais également de réformer la Politique Agricole Commune, en consacrant notamment 40% du budget qui lui est alloué pour financer la lutte environnementale, et en incitant les agriculteurs à réduire drastiquement leur utilisation de produits phytosanitaires, engrais et antibiotiques. 

Il promet également une révision des normes d’émission de carbone des véhicules, des investissements considérables dans le secteur ferroviaire pour permettre des déplacements intra continentaux sans avion,  ainsi que l’adoption d’un plan d’action encore vague de « Zéro Pollution » de l’air, l’eau et des sols dès 2021. Toujours avec l’ambition d’améliorer la qualité de vie de ses citoyens, la Commission Européenne souhaite adopter une stratégie « de la ferme à la table » qui encouragerait une consommation alimentaire durable saine et abordable, en prônant une économie circulaire autour de l’industrie agroalimentaire. 

Les prochaines mesures

Pour promouvoir cette économie circulaire, durable et créatrice d’emploi, la Commission devra aussi présenter dès 2020 une stratégie industrielle qui permettrait à l’Europe de relever le défi de la transition verte, notamment avec la décarbonisation des secteurs à forte intensité énergétique ou de ressources, et un plan d’action en faveur de l’économie circulaire, impliquant une politique de produits durables visant à inciter la réduction des déchets.

En dernier lieu et afin de parer aux inquiétudes des citoyens les plus vulnérables, Frans Timmermans, Vice-Président exécutif en charge du Green Deal Européen a également mentionné un Fonds de Transition Juste, d’une centaine de milliards d’euros débloqués entre 2021 et 2027 pour soutenir les régions et secteurs les plus dépendants des énergies fossiles, ou responsables d’émissions de gaz à effet de serre. Des orientations seront rédigées, courant 2020 afin d’aiguiller les Etats membres dans le soutien de leur population, notamment pour lutter contre la précarité énergétique  et pour faciliter les reconversions professionnelles. 

Pour amorcer ce Pacte Vert, qui vise à placer l’Europe en leader mondial pour le climat  et à réaliser une véritable transition équitable, un plan d’investissements propose un fonds de 1 000 milliards d’euros débloqué par la Banque Européenne d’Investissement, pour les prochaines décennies. En mars 2020 la première loi européenne pour le climat sera évaluée, afin de tracer la voie à suivre et définir une stratégie claire qui permettra de planifier les investissements à long terme. Si certains voient dans ce  Green Deal l’espoir d’une révolution écologique à l’échelle du système, d’autres se demandent s’il ne s’agit pas d’une énième promesse utopique que les dirigeants n’auront pas le courage de tenir.