13/05/22

La chimie verte

  • Auteurs : Romain Lods et Pauline Faucher
  • Temps de lecture estimé : 5 minutes

A l’heure actuelle, l’industrie chimique est omniprésente, et ce depuis de nombreuses années. Au cours du XXème siècle, le secteur de la chimie s’est élargi, aussi bien au niveau des constituants utilisés que de la production. De nouveaux matériaux et produits ont alors été créés : à la fin de la Première Guerre mondiale, les premiers engrais synthétiques font leur apparition, et les matières plastiques connaissent un essor à partir des années 1940 [1]. Cependant, l’industrie chimique est au cœur de nombreuses controverses. En effet, certains produits sont à l’origine de conséquences humaines et écologiques désastreuses dues à la persistance de polluants organiques. Ainsi, depuis quelques années, une alternative visant à atténuer les effets néfastes de la chimie industrielle classique se développe : la chimie verte. Qu’est-ce que la chimie verte ? Comment peut-elle permettre de limiter l’impact écologique de l’industrie chimique ? Pourquoi est-il nécessaire de trouver des alternatives aux procédés chimiques actuels ?

I – L’industrie chimique, à l’origine de désastres écologiques et humains

Afin de comprendre les motivations derrière le développement de nouvelles méthodes de synthèse chimique, il est nécessaire de s’attarder sur les impacts négatifs engendrés par l’utilisation de certains produits. Voici quelques exemples de produits chimiques dont l’utilisation a été à l’origine de nombreux débats.

La thalidomide

La thalidomide a été utilisée comme sédatif chez les femmes enceintes dans les années 1950. Commercialisée pour ses effets anti-vomitifs, cette substance s’est finalement avérée tératogène et fut ainsi à l’origine de milliers de malformations congénitales. Le nombre d’enfants nés avec des malformations a été estimé à 15 000 à travers le monde [2]. Des effets secondaires ont aussi été observés chez les personnes qui consommaient de la thalidomide. Ainsi, de nombreux cas de névrite périphérique (lésion nerveuse) ont été constatés, entraînant parfois des dommages irréversibles [3].

Le DDT

Le dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT) fut le premier insecticide moderne, développé à la fin des années 1930. Le DDT était reconnu comme efficace contre les moustiques transmettant le paludisme, mais aussi comme insecticide agricole. Cependant, les effets du DDT ne se limitent pas à cela. En effet, l’impact écologique du DDT est important : ce produit est nocif envers de nombreuses espèces, et se bio-amplifie le long de la chaîne alimentaire. Ainsi, les super prédateurs comme les rapaces ou les humains y sont fortement exposés [4]. Même si le DDT est interdit d’utilisation dans de nombreux pays depuis les années 1970, sa persistance fait que l’on en retrouve encore des traces dans les sols. De plus, même si un lien direct entre le DDT et l’apparition d’un cancer n’a pas été prouvé, l’OMS a classé le DDT comme potentiellement cancérogène [5], et certaines études suggèrent que le DDT pourrait être un facteur de risque pour Alzheimer [6].

Le plastique

Un des produits de l’industrie chimique dont l’impact écologique est conséquent est répandu dans tous les secteurs d’activité et à travers le monde entier : le plastique. Parmi les utilisations du plastique, la plus problématique est la production d’emballages à usage unique, dont l’ampleur est énorme. Depuis 2015, 7 milliards de tonnes d’emballages plastiques ont été produits. Parmi tous ces déchets, seuls 9% ont été recyclés. Aujourd’hui, 5000 milliards de morceaux de plastiques flottent dans les océans, exposant ainsi plus de 700 espèces marines différentes à l’ingestion de particules plastiques. De plus, la durée de dégradation du plastique est estimée de 450 ans à l’infini, ce qui entraîne de nombreuses problématiques quant au devenir des ces déchets dont la production est exponentielle [7].

Ces quelques exemples ne sont que l’ombre du large spectre de production balayé par le secteur de l’industrie chimique. De nombreuses autres substances sont remises en question en raison de leur bilan environnemental, ce qui suggère la nécessité de trouver des alternatives à leur production.

II – la chimie verte : la fin de la conception de substances nocives ?

En 1991, l’”U.S. Environmental Protection Agency” donne une définition de ce qu’on appelle “chimie verte” : “La chimie verte a pour but de concevoir et de développer des produits et des procédés chimiques permettant de réduire ou d’éliminer l’utilisation et la synthèse de substances dangereuses.[8]. La chimie verte repose sur 12 principes établis par deux chimistes américains, Anastas et Warner. Ces 12 principes ont permis de populariser le concept de la chimie verte, en facilitant sa mise en place lors de synthèses chimiques. Les 12 principes sont :

  • Prévention des déchets : il vaut mieux limiter la production de déchets plutôt que de chercher à s’en débarrasser par la suite ;
  • Economie d’atomes : on cherche à maximiser le nombre d’atomes des réactifs qui composent le produit final ;
  • Conception de méthodes de synthèse moins dangereuses : les substances produites et utilisées lors des synthèses doivent être inoffensives pour l’homme et pour l’environnement dans la mesure du possible ;
  • Conception de produits chimiques plus sûrs : les produits finaux synthétisés doivent aussi être inoffensifs ;
  • Solvants et auxiliaires moins polluants : les auxiliaires de synthèse (solvants, agents de séparation…) doivent être évités ou inoffensifs lorsqu’ils sont essentiels ;
  • Recherche du rendement énergétique : l’impact énergétique doit être minimisé, on favorise les réactions à température et pression ambiantes ;
  • Utilisation de ressources renouvelables : les produits fossiles sont à éviter ;
  • Réduction du nombre de dérivés : l’utilisation de protecteurs/déprotecteurs de fonctions doit être limitée car elle entraîne la production de dérivés, ce qui augmente le coût énergétique et le nombre de déchets produits ;
  • Catalyse : on favorise les catalyseurs naturels aux procédés stoechiométriques ;
  • Conception de produits en vue de leur dégradation : on favorise la synthèse de produits biodégradables ;
  • Observation en temps réel en vue de prévenir la pollution : les substances synthétisées doivent être contrôlées efficacement et en continu, notamment grâce aux données recueillies par satellites ;
  • Une chimie fondamentalement plus fiable : les quantités et l’état physique des substances doivent être choisis de manière à éviter tout danger.

III – Bilan, perspectives d’évolution et défis

La chimie verte propose de traiter les problèmes à la source en développant des processus sans dangers contrairement aux activités chimiques industrielles qui se concentrent sur la minimisation de l’exposition aux dangers en contrôlant les substances toxiques aux différents stades du procédé [8].

Afin de pouvoir remplacer la chimie “industrielle”, la chimie verte devra faire face à de nombreux défis tels que :

Un défi technologique

L’illustration emblématique de ce domaine est la catalyse. En effet, lors de ces réactions catalytiques, le catalyseur accélère la vitesse de réaction en abaissant le seuil d’énergie nécessaire pour permettre à la réaction de se produire, économisant ainsi de l’énergie.

Un défi industriel

L’épuisement des matières premières issues du pétrole ainsi que l’obligation de diminuer drastiquement les émissions de gaz à effet de serre sera l’axe principal de réflexion au sein de l’industrie.

Un défi économique

Un procédé vert ne remplacera un procédé traditionnel polluant que si son retour sur l’investissement est suffisamment rapide pour attirer les dirigeants et les investisseurs. Il faut pour cela compenser et surpasser les coûts de démantèlement de l’ancien procédé et de mise en place du nouveau le plus rapidement possible.

Un défi sociétal

De nos jours, les préoccupations environnementales s’installent de plus en plus dans les mentalités. Cela s’accompagne de certaines attentes de la société en termes de santé, de non-toxicité des produits consommés, de respect de l’environnement, d’éco-responsabilité des entreprises… 

Du côté des entreprises, ces attentes sont aussi demandées mais doivent s’allier avec les exigences de compétitivité. Pour être acceptée, la chimie verte doit tout d’abord être comprise, c’est pourquoi la sensibilisation et la communication restent des facteurs clés de réussite [9].

En conclusion, la mise en place d’une chimie verte est en cours mais malheureusement, les changements que cela implique sont réalisés trop lentement et naïvement d’après Claude Grison, chercheuse et chimiste française renommée. Elle met en avant un obstacle majeur que la chimie va devoir dépasser pour devenir vraiment verte « La transition écologique ne peut être abordée de façon segmentaire, alerte-t-elle. Quand on dit vouloir respecter l’environnement, encore faut-il connaître la nature afin d’anticiper l’impact réel d’une réaction chimique. » et déplore une discipline trop cloisonnée à ses molécules et procédés : « Notre recherche ne peut s’inscrire dans une transition écologique que si elle est beaucoup plus ouverte vers les autres disciplines, en particulier vers le milieu de l’écologie scientifique. Si la transition est abordée d’une façon trop naïve, la chimie sera incapable d’affirmer qu’elle a réduit son empreinte environnementale. » [10]

Le domaine de la chimie verte est un domaine sur lequel AgroParisTech Services Études pourra vous accompagner, notamment en vous aidant à réaliser des études de marchés mais aussi sur l’implantation des filières.

11/05/22

Newsletter – Avril 2022

  • Durée de lecture estimée : 3 minutes
  • Auteur : Romain Thierry

AgroParisTech Service Études s’est lancée, avec la coopération de Junior-Entreprises du plateau de Saclay (CentraleSupélec, Polytechnique, ESTACA, l’ENSTA et l’ENSAE) dans la réalisation d’une COP RSE, un sujet aujourd’hui phare dans le monde de l’entreprise, pour organiser des formations et aboutir à une charte RSE inter-JE.

Pour parfaire notre expérience, nous avons participé au Prix d’Excellence et avons rejoint la L6 aux côtés de Skema Conseil, Junior CentraleSupélec, Marketing Méditerranée, Escadrille et N7 Consulting !

Enfin, comment ne pas citer le rapprochement avec APT Innovation qui, en parallèle de notre partenariat avec le Food’Inn Lab, saura renforcer nos liens avec des start-ups innovantes et séduire aussi bien les étudiants-réalisateurs et les étudiantes- réalisatrices que les entrepreneurs pour construire des projets ensemble !

Produits phytosanitaires

AgroParisTech Service Études a travaillé, en décembre dernier, avec une entreprise développant des outils et des projets au sujet de la conservation des semences. Elle cherchait à poster sur son site internet des articles percutants et solides sur le plan technique. ASE l’a donc mise en relation avec un étudiant pour que ce dernier rédige les articles demandés et puisse y apporter un regard neuf et dynamique tout en gagnant en compétence.

Étude de l’impact de la diminution de la consommation de viande

C’est pour ce même regard qu’une entreprise leader dans le secteur agroalimentaire mondial s’est adressée à ASE afin de réaliser une étude transversale sur l’impact de la diminution de la consommation de viande dans le monde. L’analyse portait sur les conséquences en termes d’émission de gaz à effet de serre, d’occupation des sols ou encore, dans le cas d’un arrêt total de cette consommation, des conséquences que cela pourrait engendrer sur les trois piliers du développement durable : Environnemental, Social et Économique.

Création d’une base de données pour de nouveaux modes de restauration

Une entreprise spécialisée dans les alternatives aux systèmes de restauration classiques se lance dans la préparation de produits alimentaires et a eu besoin de créer une base de données pour étiqueter ces denrées conformément aux normes et lois de commercialisation. ASE a donc été choisie pour structurer et remplir cette base de données en suivant les exigences posées.

Étude sur les procédés de conservation des légumineuses

Une autre étude portant sur le génie des procédés, la microbiologie et l’économie a été proposée à AgroParisTech Service Études. Notre Junior-Entreprise réalise actuellement un état de l’art des procédés de fermentation des légumineuses pour une interprofession des oléoprotéagineux, accompagnée d’une analyse des acteurs de la filière, pour comprendre au mieux son potentiel.

Protection de la biodiversité

Une association travaillant à préserver et restaurer la continuité écologique d’une portion de territoire en Bourgogne souhaite mener une initiative originale, collective et participative de protection de la biodiversité ordinaire. AgroParisTech Service Études devait alors valider le projet au travers d’une étude de faisabilité et d’une étude marketing.

Bilan carbone et labellisation Agroécologique

Toujours pour avoir une expertise sur un projet environnemental, un réseau d’aide aux ONG a demandé à ASE de construire et d’analyser la structure du dossier d’enregistrement carbone pour obtenir une labellisation de type Vera, Gold Standard. L’étude consistait à enregistrer le bilan carbone d’un projet environnemental et agricole où ont été mis en place des pratiques agroécologiques en Afrique et élaborer le document de demande de certification.

30/03/22

Des labels et certifications engagés pour l’agriculture de demain

  • Auteurs : Violette Ricard et Pauline Faucher
  • Temps de lecture estimé : 5 minutes

La labellisation en agriculture devient de plus en plus complexe et la liste des certifications ne cesse de s’accroître. Nous allons ici aborder une liste non exhaustive des certifications et labels qu’on peut trouver en France. Ceux-ci peuvent être validés par l’INAO (Institut National des Appellations d’Origine) qui délivre notamment des labels comme AOP (Appellation d’Origine Protégée), AOC (Appellation d’Origine Contrôlée), IGP (Indication d’Origine Protégée) ou encore le label Agriculture Biologique. [1]

Les labels au service de l’agriculture raisonnée

Le label CRC

Suite au regroupement de certains agriculteurs émergent des idées collectives qui peuvent s’organiser non seulement sur la partie production mais sur tout le long de la filière. Il s’agit de certifications comme la CRC : Culture Raisonnée Contrôlée. 

Dans les années 90, des agriculteurs céréaliers bourguignons ont décidé de mettre en commun leurs réflexions pour instaurer une filière de qualité respectueuse de l’environnement et de la santé. En effet, leur projet repose sur les différents piliers du développement durable. Tout d’abord, leurs cahiers des charges stricts imposent aux agriculteurs de respecter davantage l’environnement en réduisant l’utilisation de pesticides et d’amendement sur les parcelles, mais ils définissent également une réglementation stricte quant à la préservation de la biodiversité. D’un point de vue social, ce label garantit une juste rémunération des agriculteurs : par exemple, les organismes stockeurs touchent une prime de 21€ par tonne de blé, qu’ils partagent avec les agriculteurs. Finalement, la filière est aussi viable d’un point de vue économique : les rendements obtenus sont très comparables aux rendements de l’agriculture conventionnelle, tout en réduisant l’apport d’intrants (et donc leur coût de production). Par ailleurs la filière impose une obligation de résultat, c’est à dire qu’un agriculteur ne peut faire du CRC que si sa coopérative est CRC. Celle-ci ne peut l’être qu’à condition de vendre les récoltes à un industriel adhérant aussi à la filière. [2]

Le label ZRP

Dans ce même état d’esprit, on trouve le label Zéro Résidu de Pesticide qui est une initiative du Collectif Nouveaux Champs. Il s’agit d’un mouvement citoyen de producteurs français, acteurs volontaires de la transformation agricole de notre pays. La dynamique du projet permet de répondre aux enjeux environnementaux de demain tout en valorisant le travail des agriculteurs et en obtenant une meilleure rémunération. Aujourd’hui, une quarantaine d’espèces de fruits, légumes, céréales, surgelés sont certifiés ZRP. Les producteurs s’engagent à respecter un cahier des charges qui leur impose de mettre en œuvre une combinaison de méthodes et de pratiques culturales qui visent à diminuer de 41% l’utilisation de pesticides de synthèse. Après la récolte, ces productions font l’objet d’analyse des résidus par un organisme certificateur dans la limite des quantifications (de 0,01mg/kg). Cela va finalement amener sur le marché un produit avec un taux de pesticides faible, c’est-à-dire meilleur pour la santé du consommateur et de l’agriculteur. [3]

La certification en agriculture biologique

Le label AB

De plus, il existe une certification pour l’Agriculture Biologique. La certification AB (un label français mais valable aussi pour des produits de provenance européenne) atteste que la production a eu recours à des pratiques de culture et d’élevage soucieuses du respect de la santé des consommateurs et des équilibres naturels. Le logo identifie les produits 100% bio ou les produits bio transformés contenant au moins 95 % des ingrédients élaborés sans produits chimiques tels que pesticides et engrais chimiques de synthèse, sans antibiotiques ni OGM. Ce label est désormais facultatif au profit du logo bio européen. Le logo bio européen est obligatoire sur les produits bio alimentaires pré-emballés au sein de l’Union Européenne. Il comprend le code de l’organisme certificateur (FR-BIO-XX) qui a contrôlé la conformité du produit bio aux règles définies. La mention Agriculture suivi du nom de pays ou UE informe qu’au moins 98% des ingrédients du produit en sont originaires. Dans le cas contraire, c’est la mention Agriculture NON-UE qui est affichée. [4]

Logo français et logo européen du label AB

Le label Bio Cohérence

L’extension européenne de la certification agriculture biologique impliquait une baisse des exigences notamment quant à la traçabilité des produits et aux audits. Certaines organisations de l’agriculture biologique ont ainsi décidé de mettre en place le label Bio Cohérence

Il s’agit d’une marque française de filière portée par des producteurs, des transformateurs, des distributeurs et des consommateurs. A ce jour, elle couvre principalement les produits alimentaires. D’autres produits sont également labellisés, comme des semences, des plants et des fleurs. [5]

Un label tourné vers une philosophie de vie : la biodynamie

Les labels, en plus de valoriser les produits, permettent d’atteindre des consommateurs ciblés. Par exemple, certains agriculteurs ont souhaité faire de leur production une véritable philosophie de vie. Le label Demeter en a découlé, un label qui se focalise sur l’agriculture en biodynamie. Ce label a été créé en 1928 par l’occultiste autrichien Rudolf Steiner, fondateur du mouvement de l’anthroposophie. Ainsi, tous les consommateurs qui s’intéressent à la biodynamie peuvent facilement trouver des produits qui leur conviennent grâce à la certification. La valeur scientifique ajoutée à ce label semble plus controversée : en effet le fondateur du mouvement se base majoritairement sur son intuition.

La biodynamie se distingue de l’agriculture biologique en englobant non seulement les techniques agricoles, mais aussi des rituels de nature mystique : « Le paysan qui accepte de se plier au cahier des charges de Demeter, la marque de certification des produits agricoles cultivés en biodynamie, ne se borne pas à produire des fruits ou des légumes biologiques — cette sorte de druidisme lui impose de manipuler des cornes remplies de bouse et des vessies de cerf et de respecter un calendrier cosmique. Comme pour des viandes halal ou casher, les vins et carottes biodynamiques signalent qu’ils respectent une codification rituelle » (Le Monde diplomatique, no 772,‎ 2018, p. 16 – 17). Il s’agit donc d’un type d’agriculture bien spécifique mais qui s’implante de plus en plus dans l’agriculture européenne. En France par exemple, on compte 745 fermes qui sont certifiées, cela représente 14 629 ha.

Voici donc ici une liste non exhaustive de labels qui existent à l’échelle française et même européenne. Chaque label impose une réflexion importante notamment sur le mode de production mais implique également une réflexion plus globale et générale sur les filières, leur implantation à l’échelle nationale, les stratégies marketing et de R&D qu’on peut trouver derrière. C’est pourquoi chez AgroParisTech Service Études, nous pouvons vous aider à réaliser un premier pas dans ces recherches. Nous pouvons notamment vous aider à réaliser des études bibliographiques, de marchés mais aussi sur l’implantation des filières. 

10/02/22

Les néonicotinoïdes, entre besoin des agriculteurs et dommages environnementaux

  • Auteurs : Xavier Bramaud et Pauline Faucher
  • Temps de lecture estimé : 4min

Utilisés dans une grande majorité des cultures, les néonicotinoïdes ont été bannis de l’agriculture française en 2018 car ils présentaient un danger pour l’environnement. Malgré une adaptation rapide du monde agricole, un secteur reste largement touché par cette interdiction : le secteur de la betterave sucrière a subi de grandes baisses de rendements l’année suivant la disparition des néonicotinoïdes. En effet, les plants de betterave sont affectés par une maladie transmise par un puceron, la jaunisse de la betterave, que cet insecticide permettait d’éviter. Une dérogation temporaire de 120 jours à compter du 06 février 2022, permettant à nouveau l’utilisation de ces pesticides dans les cultures de betteraves sucrières, a été décidée [1]. Peut-on comprendre la réautorisation des néonicotinoïdes pour l’année 2022 ?

Des apiculteurs en colère et un milieu contaminé

Lors des premières phases de son développement, la betterave sucrière est sensible à la jaunisse transmise par les pucerons. Afin d’éviter de perdre une partie de la récolte, les graines étaient donc aspergées de néonicotinoïdes. Suivant l’année d’interdiction du pesticide, les récoltes ont chuté de plus de 30%, chiffre donné par des agriculteurs et confirmé par l’industrie du sucre. 

Cependant les néonicotinoïdes sont responsables d’un effet neurotoxique sur les insectes, notamment les abeilles. L’une des raisons de cet effet est la rémanence importante des molécules dans les sols, qui sont lessivées et contaminent les alentours. Ainsi, depuis l’apparition des néonicotinoïdes dans les régions où les cultures de betterave sont importantes (l’Indre par exemple), la production de miel a chuté d’environ 75% (d’après l’UNAF, Union National de l’Apiculture Française). Aussi, l’effet toxique de l’insecticide a fait augmenter la mortalité des reines et des ouvrières, entrainant une forte augmentation de la demande. 

Par ailleurs, les néonicotinoïdes ont un temps de résidence important dans les sols, allant jusqu’à plusieurs années, entrainant un épandage de l’insecticide dans l’environnement et une diminution de la biodiversité. Il existe cependant des alternatives aux néonicotinoïdes : on peut trouver des insecticides d’origine naturelle ou bien des insecticides ciblant plus précisément les pucerons ou ravageurs. De nouvelles méthodes d’agriculture sont également proposées, comme par exemple le fait de semer les plants plus tard dans l’année afin d’éviter la période de présence des pucerons (dans le cas des betteraves sucrières). Ces méthodes d’agriculture biologique ne sont cependant pas aussi efficaces en terme de rendements que l’agriculture traditionnelle.

Une industrie touchée et défendant l’usage des néonicotinoïdes

Malgré les effets néfastes des néonicotinoïdes, la nouvelle dérogation est soutenue par les industries du sucre. En effet, après l’interdiction de ces insecticides en 2018, l’industrie sucrière a perdu plus de 270 millions d’euros. Les industriels défendent le côté inoffensif des néonicotinoïdes du fait que les molécules sont seulement présentes sur la graine et ne se retrouvent pas à l’air libre. Cet argument est attaqué directement par les anti-néonicotinoïdes pour les raisons citées précédemment.

De plus, l’interdiction définitive des néonicotinoïdes pourrait avoir un impact social important. Pour l’instant, il n’existe pas d’alternative efficace à l’insecticide, l’agriculture biologique ne produit pas assez de matière première pour faire fonctionner les usines de sucre. Par conséquent, des usines ou filières entières pourraient être amenées à fermer, entraînant une forte vague de licenciements (plus de 10 000 emplois pour certains grands groupes). Pour éviter ces licenciements, la baisse des rendements pourrait obliger ces usines à importer des betteraves. Cette solution impliquerait une augmentation des prix des produits finaux ainsi qu’un impact environnemental important dû au transport et à la potentielle utilisation de néonicotinoïdes dans cet autre lieu de production. 

Cette controverse se retrouve au sein de débats politiques, elle est notamment citée dans le cadre des campagnes présidentielles. Au parlement européen, ce sont EELV qui sont pour une interdiction définitive au sein de l’Europe, proposition freinée par l’ensemble des industriels qui plaident contre.

Le débat des néonicotinoïdes n’est qu’une controverse parmi de nombreuses autres au sein de l’agriculture française. Par exemple, certaines réformes de la PAC, comme les aides à l’hectare sans plafonnement ni dégressivité, entraînent elles aussi des désaccords.

10/01/22

L’essor du “reconditionné”

  • Autrice : Leila
  • Temps de lecture estimé : 4 minutes

Le mardi 2 novembre, un texte de loi visant à renforcer la régulation environnementale du numérique a été adopté par le Parlement. Une des mesures évoquées dans ce texte porte sur la limitation du  renouvellement des appareils numériques,  « dont la fabrication représente 70% de l’empreinte carbone du numérique en France ». [1] 

Une des solutions en plein essor ces dernières années pour limiter la production des objets électroniques est le reconditionnement. En effet, dans un monde où le numérique est omniprésent et où ces objets sont devenus indispensables à une grande partie de la population, il est essentiel d’évaluer leur impact écologique sur notre planète et de trouver des solutions à cette problématique au plus vite.

Le reconditionnement, un marché en plein expansion pour les professionnels…

Fructueux, efficace et écologique, le reconditionnement d’objets électroniques est devenu, en quelques années, une alternative qui attire de plus en plus d’adeptes. Il se définit par une remise en état d’un produit mais se différencie du matériel d’occasion. Les smartphones, tout comme les ordinateurs, les aspirateurs, les consoles de jeux, les appareils photos, les machines à café, les lave-linges sont éligibles à ce dernier. Au vu du nombre d’objets électroniques commercialisés chaque année autour du globe, le marché du reconditionné se révèle gigantesque, avec à la clé un impact positif indiscutable sur l’environnement mais aussi un enjeu financier colossal.

Ainsi, depuis une dizaine d’années, de nombreuses startups et entreprises se lancent dans le reconditionnement et les acteurs se multiplient sur ce marché [2]

● les reconditionneurs comme Remade, Recommerce, Smaaart, Certideal

● les places de marché comme Backmarket qui mettent en relation les consommateurs et des reconditionneurs en France et partout dans le monde

● les opérateurs de téléphonie et les grandes surfaces qui développent des offres de produits reconditionnés pour leurs clients (en partenariat avec des reconditionneurs). 

…mais aussi très attractif et économique pour les consommateurs.

Les prix attractifs et les longues périodes de garantie séduisent les clients. La preuve en est, aujourd’hui 1/3 des Français a déjà acheté un produit reconditionné d’après une étude menée par Rebuy [3]. Les smartphones reconditionnés sont en moyenne 30 à 40% moins cher que les neufs, tout en offrant un niveau de performance égal et une durée de vie égale voire plus longue. En 2020, 2,6 millions de téléphones reconditionnés ont été vendus en France, contre 16 millions de neufs. L’écart entre les deux marchés reste grand mais les ventes de smartphones reconditionnés ne cessent de croître : elles étaient en hausse de 4% en 2019 et ont même connu une augmentation de presque 20% en 2020 [4].

Par ailleurs, pour alimenter ce marché il est nécessaire que les utilisateurs cèdent leurs anciens téléphones. Il y a quelques années, le processus était compliqué : les prix de reprise étaient complètement différents entre les recycleurs, et les consommateurs étaient souvent mal informés à propos des points de collectes, ou des avantages de reconditionner son smartphone au lieu de le jeter. Mais grâce à des plateformes comme CompaRecycle, un comparateur en ligne, il est aujourd’hui possible de revendre simplement ses objets connectés au meilleur prix tout en favorisant leur reconditionnement en France. Il faut savoir qu’une personne reçoit en moyenne 120 euros pour la reprise de son téléphone, un bénéfice non négligeable pour le consommateur [5]

Mais quels sont les réels avantages du “reconditionné” sur le plan écologique ?

L’impact positif du reconditionné est porté par la suppression de l’empreinte environnementale de production des objets électroniques, mais également celle de leur destruction. On peut s’appuyer sur les propos de Erwann Fangeat, ingénieur au sein de la direction Économie circulaire et Déchets de l’Agence de la transition écologique (Ademe) qui affirme que “ 75% de l’impact écologique d’un smartphone est lié à sa fabrication, donc acheter un téléphone qui a déjà été fabriqué fera un différentiel écologique très important.” [4] Bien sûr, l’industrie du reconditionné a elle-même un impact négatif sur l’environnement : il y a le transport chez le reconditionneur, le changement éventuel d’une pièce (une batterie ou un écran, par exemple). Mais cet impact est en moyenne 3 fois inférieur à celui de la production d’un appareil neuf. [6]

De plus, ce tableau comparatif [5] met en lumière l’économie de matières premières et de la diminution de l’empreinte carbone lors de l’achat d’un smartphone reconditionné : 

Enfin, l’achat d’un appareil remis à neuf est un moyen efficace de lutter contre la surproduction de déchets électroniques et la surconsommation globale de notre société.

Conclusion

Ainsi, le reconditionnement semble limiter considérablement l’impact négatif des objets électroniques sur notre planète. Cependant, la surconsommation reste une des tares de notre société comme le montre ce chiffre : 88% des Français.e.s changent de téléphone alors que l’ancien fonctionne toujours [7]

Par ailleurs, le texte adopté le mardi 2 novembre, ne modifie pas la taxe réduite sur les produits reconditionnés, ce que déplorent certains acteurs du milieu qui souhaiteraient “exonérer les produits reconditionnés et ainsi garantir la compétitivité du reconditionnement” [1].

AgroParisTech Service Etudes porte une attention particulière à son impact écologique ainsi qu’à celui des entreprises avec qui elle travaille, avec une volonté de contribuer à une dynamique plus respectueuse des valeurs qui lui sont chères. 

30/12/21

Newsletter – Décembre 2021

  • Durée de lecture estimée : 3 minutes
  • Auteurs : Romain Thierry, Clémence Caro et Mehdi Souabni

AgroParisTech Service Etudes vient d’achever son processus de Recrutement Formation Passation, débuté il y a quelques semaines afin de constituer et former dans les meilleures conditions le nouveau mandat qui entrera en pleines fonctions en janvier 2022.

AgroParisTech Service Etudes a eu la chance de pouvoir être représentée au Congrès Régional d’Automne organisé par la Junior ESTACA.

Notre Junior-Entreprise a également passé un audit blanc fin octobre dans les standards de la norme ISO 9001 afin d’évaluer l’ensemble de nos processus et a reçu à cette issue une appréciation positive attestant l’amélioration continue de notre structure.

Six membres d’AgroParisTech Service Etudes, du mandat actuel et mandat entrant, ont pu se rendre au Congrès National d’Hiver organisé par la Confédération Nationale des Junior-Entreprises à Seignosse. Ils ont pu échanger avec d’autres Junior-entrepreneurs mais également y dispenser une formation sur la comptabilité extra-financière à l’ensemble du Mouvement afin de présenter le modèle CARE et ses enjeux dans le monde entrepreneurial de demain.

Carbone et production agricole

Un grand groupe semencier français a demandé à AgroParisTech Service Etudes de créer un questionnaire portant sur la question du carbone dans le domaine des semences. Il était également demandé de le distribuer aux étudiants d’AgroParisTech afin d’avoir une vision plus claire sur les exigences des futurs ingénieurs agronomes en termes de pratiques respectueuses de l’environnement. A ceci s’ajoute un travail de synthèse et de réflexion nécessaire à la compréhension de cette approche générationnelle sur les pratiques agronomiques à créer ou employer.

Plantation de pistachiers

Un représentant d’un domaine agricole en France métropolitaine a contacté AgroParisTech Service Etudes pour une étude du marché de la pistache en France. Il s’agissait de réaliser une triple analyse sur la structure de la filière, sur l’offre et enfin sur la demande aux échelles nationales et internationales.

Analyse du marché allemand du blé tendre et de l’orge

Cette étude consistait en un recensement des éléments principaux du marché allemand pour une jeune entreprise cherchant à développer une application pour aider les semenciers. Par son analyse, AgroParisTech Service Etudes a permis de comprendre le mode de fonctionnement de ces marchés afin que le client puisse commencer la phase de dialogue avec les acteurs étrangers.

Étude de faisabilité du développement de produit agroalimentaire

AgroParisTech Service Etudes a accompagné deux entrepreneuses dans le développement d’un nouveau produit laitier agroalimentaire. Pour ce faire, AgroParisTech Service Etudes s’est vu confier la tâche d’enquêter auprès des futures cibles du produit afin de recenser leurs attentes, d’étudier les possibilités de financement, d’aides et d’accompagnement du projet.

Enquête sur le biocontrôle

AgroParisTech Service Etudes a reçu de la part d’une association à visée internationale, spécialisée dans le biocontrôle, la mission suivante : élaborer une base de données d’agriculteurs répondant à des critères spécifiques, et diffuser un questionnaire fourni par l’association en construisant une analyse statistique des résultats. Cette enquête servira par la suite au client pour accorder ses axes de réflexions sur la question du biocontrôle.

Veille réglementaire sur la dénomination “Tisane”

AgroParisTech Service Etudes a répondu à la demande d’une grande société française travaillant dans le domaine des infusions afin de réaliser une veille réglementaire sur la possibilité d’employer le terme “tisane” pour certains de ses produits. Cette veille s’étendait à tous les synonymes de ce nom pour tous les territoires francophones.

Étude sur le stockage de carbone des forêts Miyawaki

Une entreprise française d’holding s’intéressant à l’impact des forêts sur la composition de l’atmosphère s’est adressée à AgroParisTech Service Etudes afin qu’elle réalise une recherche bibliographique sur les forêts Miyawaki. Il s’agissait, suite à ces recherches, de calculer la surface de forêt nécessaire pour capter le carbone excédentaire depuis le début de l’ère industrielle jusqu’à nos jours. A cette mission s’est ajouté le besoin d’apporter des solutions adaptées à l’utilisation de ces forêts en lien avec l’objectif étudié.

Détermination de l’emplacement d’une centrale photovoltaïque

Afin de construire de nouvelles centrales photovoltaïques, une PME, actuellement n°2 de production d’énergie solaire en France, avait besoin d’une analyse des terrains pour savoir si ceux-ci étaient propices à l’installation d’une telle infrastructure. AgroParisTech Service Etudes a donc étudié le potentiel de chaque terrain vis-à-vis de l’implantation d’une centrale photovoltaïque et les a hiérarchisés selon les critères de l’entreprise. Les intervenants devaient également chiffrer la consommation d’un véhicule thermique roulant aux agrocarburants.

20/12/21

Un escadron de 10000 drones pour une agriculture française de précision

  • Auteurs : Romain et Pauline
  • Temps de lecture estimé : 4 minutes

Il y a de cela quelques années, Jeff Bezos affirmait la chose suivante : « le drone est l’outil de demain ». Aujourd’hui, la France est le deuxième plus grand consommateur de drones civils sur la planète[1] . Elle ne se limite cependant pas à une utilisation récréative. Depuis 2012, l’agriculture française les utilise pour l’observation et le traitement de parcelles et ce sont dorénavant 10 000 drones qui survolent nos terres agricoles[2]. Là où jusqu’à présent, l’irrigation et l’apport d’intrants se faisaient sur tout un champ en application générale, l’utilisation de drones permet une approche individuelle et raisonnée.

Une cartographie des cultures par les airs

Les drones sont tout d’abord utilisés pour leur capacité à réaliser des photographies aériennes de grande qualité. Même si le survol des surfaces agricoles par drone est encore minoritaire (0.5% selon une étude de l’INRA en 2018[2]), la vue aérienne à grande résolution d’une culture et son exploitation par des logiciels spécialisés permet une étude précise de l’état de la culture : stress hydrique, présence d’adventice, stress azoté, etc. 

Figure 1 : Image thermique du stress hydrique d’un plan de vigne (University of Melbourne)

L’angle de vue pris, la période de la journée et le type de caméra embarquée sont autant de paramètres à prendre en compte lorsque l’agriculteur souhaite survoler son champ. Les présences d’adventices aux pieds des vignes, de plants morts ou précoces ou encore de zones humides peuvent être localisées à partir d’une simple vue aérienne tandis que le stress hydrique, les besoins en azote et la présence de nuisibles sont détectés par imagerie multispectrale

Une réponse spécialisée et individuelle par drone

L’application des drones dans le milieu agricole ne s’arrête pas là. Des tests de pulvérisation d’intrants et d’arrosage ont été réalisés en 2019 dans différentes régions de France. La conclusion ? Une précision du dosage et de la surface ciblée équivalente à une pulvérisation manuelle et une exposition moindre pour l’exploitant

Malgré une gamme de modèle encore assez faible (10% des fournisseurs spécialisés en proposent[3]), le drone agricole semble donc être porteur de promesses : 

  • maniabilité
  • précision des opérations
  • acquisition de données
  • protection de l’utilisateur, économie de produits et gain de main d’œuvre
  • meilleure gestion des parcelles 

Tous ces arguments font de lui le futur outil phare de l’agriculteur et de l’agronome.

Les difficultés rencontrées par les agriculteurs

Le principal frein à l’emploi de drone en agriculture est le prix d’achat du drone : 30 000 à 50 000 euros pour un drone. Ce à quoi il faut additionner le coût des logiciels d’exploitation des données. 

Le cadre légal français est plutôt propice à l’emploi d’une telle technologie en matière de photographie, les normes à respecter étant les mêmes que pour un drone de loisir. Pour l’épandage, cela est plus délicat, puisqu’il s’agit de traitement aérien. Une dérogation était en place jusqu’en octobre 2021 pour permettre un épandage par drone pour des cultures présentant une pente de plus de 30%[2]. L’Union Européenne s’est alors saisie du sujet. Une formation pour l’usage de drone agricole, un cadre légal et une estampille CE (sans laquelle un drone ne pourrait voler) devraient bientôt voir le jour[4].

Conclusion

Le drone agricole semble être un outil incontournable, quoique coûteux, pour les agriculteurs et agronomes de demain. Pour Emmanuel de Maistre , président de Redbird, interviewé par France Inter[3] : l’enjeu central de l’emploi de drone agricole « est d’économiser sur l’utilisation des produits, engrais ou pesticides, et d’augmenter la qualité et les performances des productions ». Une mise en application de l’agriculture numérique pour des pratiques plus raisonnées, voilà ce que peut être l’avenir du drone en France.

Pour mieux comprendre les impacts de l’utilisation de drones dans des exploitations agricoles, n’hésitez pas à contacter ASE, nous serons heureux de pouvoir répondre à vos interrogations et travailler avec vous.

06/12/21

Les forêts françaises se mettent au vert

  • Auteurs: Violette Ricard et Romain Lods
  • Temps de lecture: 4min

Les enjeux

Les petites forêts privées de 1 à 25 hectares représentent un tiers de la surface de la forêt française. Elles sont en grande majorité délaissées par leurs propriétaires. En effet, leur morcellement rend très difficile leur exploitation. Avec un faible taux d’exploitation de 25% du croît biologique, les objectifs du Programme National Forêts Bois (PNFB) seront difficilement atteints (augmenter les prélèvements de bois en France tout en assurant le renouvellement de la forêt, intégrer pleinement les attentes des citoyens vis à vis de la forêt, prendre en compte du changement climatique, créer des débouchés aux produits issus des forêts françaises et d’adapter la gestion des forêts aux besoins du marché). Pourtant, à elles seules, elles pourraient assurer théoriquement 60% des 12 millions supplémentaires prévus par le PNFB pour 2025. Les enjeux autour du carbone et du changement climatique, tout aussi cruciaux que l’enjeu économique, rendent nécessaire une intervention publique. L’aménagement et la gestion des espaces forestiers, principaux puits de CO2 de la biosphère terrestre, représentent assurément un enjeu prioritaire d’intérêt général : 1 m3 de bois récolté représente 0,2 à 0,5 tonne de CO2 stockée ou substituée et 1500€ de valeur ajoutée moyenne pour l’économie nationale. [1]

http://fransylva-paca.fr/wp/les-organismes-de-la-foret-privee/

Des solutions de gestion durable

Une gestion à la fois durable et dynamique de la forêt française relève de l’intérêt général pour plusieurs enjeux: économique (réduction des déficits en énergie des bois d’œuvre et des bois d’industrie), social (emplois dans tous les maillons des filières), écologique (climat et biodiversité).

Le CGAAER (Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux) a été chargé de concevoir des propositions susceptibles de concilier une gestion forestière dynamique tout en préservant les multiples fonctions de la forêt, notamment la protection de la biodiversité et l’adaptation au changement climatique pour lesquelles la diversité des modes de gestion est un atout indéniable.

Reposant sur un accompagnement humain, technique et financier, proposé sur la base du volontariat aux propriétés de 1 à 10 ha, ce dispositif d’incitation et de soutien propose trois types de mesures :

  • Faciliter l’action des acteurs publics et des professionnels privés dans leurs contacts avec les petits propriétaires ;
  • Mettre fin à la réticence des petits propriétaires privés à s’engager dans une gestion dynamique et consolider cet engagement sur du long terme ;
  • Orienter les petits propriétaires vers des actions positives de regroupement foncier et faciliter l’intervention des communes.

La mise en œuvre de l’ensemble de ces mesures permettrait dans une dizaine d’années un accroissement de récolte annuelle commercialisée de 5 millions de m3 pour les forêts privées inférieures à 25 ha. Cela correspondrait à 40 % de l’objectif de 12 millions de m3 retenu par le PNFB. L’État a rendu obligatoire, pour les forestiers, la mise en place d’un  Plan Simple de Gestion forestière pour les parcelles forestières d’une surface supérieure à 25 hectares. Ce plan a pour objectifs de mieux connaître son bois ou sa forêt, de définir des objectifs et faciliter les choix et décisions à prendre, de prévoir un programme précis de coupes et travaux, d’établir un bilan périodique de la gestion forestière et d’intéresser des héritiers au patrimoine forestier. [2]

Le label Bas-Carbone en forêt pour une gestion durable

Le label Bas-Carbone concerne divers secteurs industriels. Il a pour but de contribuer à l’atteinte des objectifs du PSG. Il permet de favoriser l’émergence de projets engagés pour la réduction de l’empreinte carbone de la France.

Le ministère de la transition écologique a validé les trois méthodes envisagées par le CNPF pour les propriétés forestières: ces méthodes concernent le boisement des terres agricoles ou des friches embroussaillées, la reconstruction de forêts dégradées et la conversion de taillis en futaie sur souche. 

Il existe aujourd’hui des entreprises comme la Société Forestière de la Caisse des Dépôts qui propose des services mettant en lien les organisations intéressées par le financement de puits de carbone dans les forêts autour de leurs activités et les propriétaires forestiers porteurs de projets Label bas-carbone. Il propose de réaliser de nombreuses missions telles que l’accompagnement des coopératives vers une transition écologique, l’amélioration de la gestion ou le reboisement de forêts dégradées. [3]

https://draaf.grand-est.agriculture.gouv.fr/Label-bas-carbone-et-foret

Une formation centrée sur la foresterie à Agroparistech

La forêt est un secteur prometteur dans lequel les étudiants d’AgroParisTech sont un atout non négligeable pour notre Junior-Entreprise puisqu’ils ont la capacité de réaliser des projets en lien avec la forêt. En effet, nous réalisons des études dans ce domaine et nous aimerions travailler davantage avec les acteurs du secteur forestier. N’hésitez pas à nous contacter si vous avez des questions, et nous serons ravis d’échanger avec vous sur votre projet !

08/11/21

La valorisation des coproduits, une solution pour limiter les déchets

  • Auteurs : Emma et Anne
  • Temps de lecture estimé : 4 minutes

La question environnementale est au cœur de la préoccupation de nombreux français et entreprises. Les déchets industriels éveillent notamment de nombreuses inquiétudes. Que deviennent-ils ? Sont-ils recyclés ? Valorisés ? Ou sont-ils uniquement détruits ? D’après l’INSEE en 2019, 4,9 tonnes de déchets sont générées par salariés en équivalent temps plein (ETP) en France métropolitaine hors Corse.

Figure 1 – Répartition de la production de déchets non dangereux non minéraux hors boues en 2016

L’enjeu pour les entreprises est conséquent

La gestion des déchets est une préoccupation environnementale pour 56% des établissements industriels (contre 53% en 2012). En outre, 14% de ces établissements y voient un enjeu économique, 10% un moyen de rationaliser le fonctionnement tandis que 19% la ressentent surtout comme une contrainte. La valorisation des déchets est une éventualité séduisante, autant pour les finances d’une entreprise que pour l’environnement. Il est dès lors intéressant de comprendre comment les entreprises gèrent actuellement leurs déchets et d’étudier l’impact de la non valorisation des déchets.

Définitions préalables

Pour bien comprendre le contexte, quelques définitions s’imposent. Il existe plusieurs types de déchets :

  • Les déchets banals : ils regroupent les déchets en mélange et les déchets triés produits par une activité de manière courante, comme par exemple : le bois, le papier-carton, le caoutchouc, métaux…
  • Les déchets organiques : ils proviennent des matières d’origine animales ou végétales.
  • Les déchets ponctuels : ils dépendent d’infrastructures – comme les déchets alimentaires pour les établissements ayant une cantine – ou sont des déchets produits non couramment.

D’après l’INSEE, deux tiers de ces déchets sont produits par quatre secteurs d’activités : la métallurgie, l’industrie du papier-carton et de l’imprimerie, l’industrie du bois et les industries agroalimentaires (IAA).

Comment gérer les déchets industriels ?

Dans une grande majorité des industries, les établissements mettent en place une procédure de gestion de leurs déchets. Suivant la nature des déchets, leur condition d’évacuation n’est pas identique. La gestion des déchets est déjà spécifique, et très coûteuse. Par exemple, des gants jetables devront être jetés dans des sacs poubelles, eux-mêmes placés dans des conteneurs.

Pour le secteur des IAA, prenons l’exemple de la filière fruits et légumes. Les déchets proviennent souvent de produits non conformes ou hors calibre. Il serait intéressant de segmenter les sous-produits et d’identifier des valorisations à plus forte valeur ajoutée. Plus généralement, la valorisation des coproduits constitue un véritable gain économique : les entreprises peuvent faire des bénéfices sur ces valorisations. La valorisation des déchets limite aussi l’impact sur l’environnement et est donc intéressante dans la mise en place de politiques plus vertes.

Une valorisation croissante des coproduits

Ainsi, certaines entreprises se sont lancées dans la valorisation de leurs coproduits, auparavant considérés comme des déchets. Détaillons quelques exemples de dispositifs innovants, élaborés afin de limiter le gaspillage lié à l’évacuation de certains produits. 

L’exemple de l’industrie viticole

(Les données de cette partie sont extraites d’un projet étudiant mené par des élèves de première année à AgroParisTech en 2020-2021 sur « Les coproduits de la vignes ».)

L’industrie viticole est à l’origine de nombreux coproduits, issus soit directement de la vigne soit du processus de vinification. Identifions ces coproduits. La vigne va générer des coproduits tels que :

  • Les rafles : supports pédonculaires et ligneux de la grappe sur lesquels sont accrochés les raisins ;
  • Les sarments : rameaux ligneux verts qui sont les jeunes pousses de l’année qui portent les récoltes ;
  • Les feuilles.

Quant au processus de vinification, il est à l’origine :

  • Du marc de raisin : pellicule colorée composée de la peau, des pépins et des éventuelles rafles qui se forment lorsqu’on presse le raisin ;
  • Des lies de vin : sédimentation des levures mortes après qu’elles aient effectué la fermentation.

Ces coproduits doivent en partie ou dans leur totalité être livrés aux distilleries en fonction de la législation appliquée selon la région et le cépage. C’est à partir de là que leur valorisation commence.

Le marc et les lies de vin sont distillés donnant plusieurs produits qui seront utiles. L’alcool de marc est utilisé en industrie comme alcool industriel mais aussi comme carburant. L’alcool de lie permet de fabriquer des brandys ou des alcools de bouche. Ces alcools ne sont pas les seuls produits obtenus par la valorisation des coproduits viticoles.

Des pigments tels que les anthocyanes sont récupérés et utilisés comme colorants dans l’industrie alimentaire. Du tartrate de potassium et du tartrate de calcium sont extrait des lies de vin pour in fine produire de l’acide tartrique. Celui-ci est un conservateur utilisé en agroalimentaire.

Un dernier exemple est la partie solide des raisins qui permet de produire de l’huile de pépins de raisin, dont la France est le premier producteur mondial.

L’exemple de l’industrie de la pêche

Les coproduits de la pêche tendent également à être de mieux en mieux valorisés.

Quelques projets de recherches travaillent actuellement sur ce sujet comme celui porté par l’Institut des Sciences Analytiques et de Physico-Chimie pour l’Environnement et les Matériaux (IPREM).

Les coproduits sont issus des procédés de transformation des produits de la mer, ils apparaissent soit directement à bord (produits rejetés du fait de leur faible valeur commerciale) soit sur terre après quelques étapes de transformation. Ces coproduits représentent 30 à 60% de l’animal et peuvent être ses viscères, sa carapace ou sa coquille, ses branchies… Cependant, ces coproduits sont riches et peuvent potentiellement être valorisés : ils contiennent des protéines à hautes valeurs nutritives, des vitamines, des acides gras insaturés (les oméga 3) ou encore des antioxydants.

Le secteur principal utilisant les coproduits de la pêche est celui de l’agriculture avec la production de farines brutes et d’huiles de poissons. Il existe aussi plusieurs applications dans le secteur des énergies et industries, de l’alimentation animale et humaine, ou encore de la cosmétique. En effet, certains composés comme le collagène, la chitine ou la kératine peuvent être utilisés dans l’élaboration de crème et de produits pour la peau, les cheveux et même les ongles. Finalement, de nombreuses applications variées existent pour la valorisation des coproduits des produits de la mer dans plusieurs secteurs.

Conclusion

La valorisation des coproduits présente ainsi de nombreux avantages, et résultent de dispositifs ingénieux. A la maison comme dans l’industrie, elle contribue à la diminution des déchets, et constitue des bénéfices économiques et écologiques.

Pour trouver des solutions, n’hésitez pas à contacter ASE, nous serons heureux de travailler avec vous pour un projet dans ce domaine.

18/10/21

Les entreprises à mission, entre rentabilité et objectifs sociaux et environnementaux

  • Autrice: Clémence Caro
  • Temps de lecture: 4min

Définition des entreprises à mission

Les entreprises à mission reposent sur la volonté de se doter d’une finalité différente et supplémentaire à la recherche de profit. Cette finalité est pour le plus souvent d’ordre social et/ou environnemental. Une entreprise à mission se définit également par trois caractéristiques principales : premièrement, elle a une mission qui est de définir un Objet Social Étendu (OSE), visant à la réalisation d’un bien commun. [1] Une société devient alors une SOSE si elle le stipule dans ses statuts. Deuxièmement, l’entreprise doit fixer des objectifs d’ordre humain, social ou environnemental. Et troisièmement, elle doit s’engager dans une forme d’engagement statutaire ainsi qu’un mode d’évaluation. [2]

Parmi ce concept assez généraliste, deux modèles d’entreprises à mission se distinguent [3]:

  • Les entreprises à mission générique nécessairement portées sur des enjeux de RSE et soumises à une évaluation exhaustive selon les critères de triple performance avec un rapport annuel réalisé par un tiers indépendant et transparent ;
  • Les entreprises à mission spécifique libres sur le choix de leur finalité et modalités d’évaluation avec le rendu d’un rapport annuel sur les décisions prises et projetées ainsi que les résultats obtenus et attendus. 

Ce concept est apparu aux États-Unis il y a une dizaine d’années et en France en 2015. [2] Il est désormais entré dans la législation française depuis la Loi Pacte de 2019 qui définit leur statut juridique. Ce dernier permet d’apporter une crédibilité supplémentaire et faire valoir un engagement plus important que celui d’une charte RSE ou d’un label. En effet il est important de distinguer le statut d’entreprise à mission avec les différents labels internationaux existants dont le processus de certification repose notamment sur des critères extra-financiers, par exemple le label « certification B Corp » délivré par l’organisme à but non lucratif B Lab. 

Domaines des entreprises à mission en France

L’entreprise à mission est un modèle accessible à toute société (SA, SARL, SAS, SCOP, etc.) qui transcende les secteurs d’activité [4]. En effet, parmi les 255 entreprises à mission, à la mi-septembre 2021, 79 % de ces entreprises relèvent des services, 11 % du commerce et 10 % de l’industrie. On peut toutefois constater que la finance / assurance et le conseil en stratégie d’impact sont les deux activités les plus représentées, avec notamment la MAIF, le Crédit Mutuel Alliance Fédérale ou encore LGP Conseil, suivies par la tech.
Le commerce alimentaire et l’industrie agroalimentaire sont aussi très représentés avec 13 entreprises dont Danone, Sabarot Wassner ou plus récemment Bio Armor.


BioArmor : histoire d'une PME indépendante tournée vers l ...
Source: BioArmor

Le secteur de l’immobilier et du BTP est aussi très actif, avec 12 entreprises dont Erilia et Frey.
On retrouve d’autres entreprises aussi différentes les unes des autres en passant du textile avec Le Slip Français ou Aigle, aux cosmétiques biologiques avec Léa Nature. 

Si l’on s’intéresse plus particulièrement à l’exemple de Danone, en lien avec sa raison d’être « Apporter la santé par l’alimentation au plus grand nombre », la société a défini des objectifs stratégiques notamment sociaux et environnementaux, alignés sur les objectifs de développement durable des Nations Unies à horizon 2030. [5] On retrouve ainsi dans la Mission de Danone : « Améliorer la santé, grâce à un portefeuille de produits plus sains, à des marques qui encouragent de meilleurs choix nutritionnels, et à la promotion de meilleures pratiques alimentaires, au niveau local », « Préserver la planète et renouveler ses ressources, en soutenant l’agriculture régénératrice, en protégeant le cycle de l’eau et en renforçant l’économie circulaire des emballages », « Construire le futur avec ses équipes », « Promouvoir une croissance inclusive ». [6]

L’évaluation est tenue par un comité de mission qui présente annuellement un rapport joint au rapport de gestion à l’Assemblée Générale Ordinaire. Il est chargé de vérifier tout ce qu’il juge opportun et se fait communiquer par le Directeur Général tout document nécessaire au suivi de l’exécution de la Mission. Une entreprise à mission se définit également par trois caractéristiques principales : premièrement une mission à savoir la définition d’un Objet Social Étendu (OSE), une société devient alors une SOSE si elle le stipule dans ses statuts.

L’entreprise à mission et ses engagements sociaux et environnementaux

Perspectives d’avenir des entreprises à mission

Les entreprises à mission connaissent un véritable essor ces derniers mois avec une augmentation de 24% au premier trimestre 2021 [4]. Alors que l’on dénombrait 143 entreprises à mission en France en mars 2021, elles sont au nombre de 255 à la mi-septembre de la même année. Une association de référence des Entreprises à mission a même été créée, il s’agit de la Communauté des Entreprises à mission qui permet de développer l’échange et la coopération entre elles. Cet essor n’est pas limité à la France, le concept se diffuse en effet dans le monde entier et d’autres pays comme le Royaume-Uni, le Brésil et l’Australie réfléchissent ainsi à également introduire un statut d’entreprise à mission dans leur droit des sociétés. 

Quant à l’intérêt du statut, certains acteurs remettent en cause la viabilité du modèle depuis le licenciement du dirigeant de Danone en mars 2021 alors qu’il avait choisi de concilier objectifs sociaux et environnementaux et de rentabilité. À l’inverse, de nombreux acteurs revendiquent que tout le potentiel proposé par le modèle n’est pas encore observable par manque de recul puisque la loi Pacte a été promulguée en 2019 et le décret d’application publié en janvier 2021. [2]

Nous sommes à votre disposition pour tout échange, et toute notre équipe est en mesure de vous aider à faire grandir vos projets. N’hésitez pas à nous contacter, nous serons ravis de discuter avec vous !