26/07/23

La viande fabriquée en laboratoire, une innovation alimentaire viable face aux problématiques de l’élevage ?

  • Autrice : Clara Bézier
  • Temps de lecture : 6 min

  En raison de la demande mondiale croissante de produits animaux tels que la viande, le lait et les œufs, l’industrie de l’élevage est devenue l’une des principales causes de dégradation environnementale à l’échelle mondiale. La menace des gaz à effet de serre soulève une préoccupation générale et une nécessité de repenser notre système alimentaire. Or dans un contexte d’anxiété sur la sécurité alimentaire mondiale, la viande fabriquée en laboratoire pourrait sembler être une alternative envisageable à la consommation de cette source de protéines. Mais quels sont alors les enjeux, les avantages et les inconvénients de cette innovation ?

Le processus de fabrication de la viande in vitro

Le 2 décembre 2020, les autorités sanitaires de Singapour ont autorisé la consommation de nuggets à base de viande de poulet fabriquée en laboratoire par la start-up californienne Eat Just. [1] Mais comment de la viande peut-elle être fabriquée par l’Homme ?
La conception de viande in vitro prend en compte quatre grandes étapes. Elle commence tout d’abord par le prélèvement de cellules souches de muscles provenant de tissus d’animaux vivants. [1] Ces cellules sont ensuite placées dans des bioréacteurs pour se multiplier. Ce sont des enceintes stériles qui contiennent des liquides nutritifs recréant un environnement similaire à celui que les cellules trouveraient dans l’organisme de l’animal. Les nutriments contenus dans ce dernier sont nécessaires pour leur multiplication. Le milieu de culture est ensuite modifié pour déclencher la différenciation des cellules souches en trois types de tissus qui constituent la viande ; la graisse, le muscle et le tissu conjonctif. Pour finir, les cellules sont séparées et la viande est « construite » mécaniquement.

Les différentes étapes dans la fabrication de viande in vitro [1]

Une innovation qui révèle des avantages tout comme des inconvénients

Une solution au bien-être animal

La viande cultivée offre une alternative qui permettrait d‘éviter l’abattage d’animaux. En utilisant des techniques de culture cellulaire, les scientifiques peuvent reproduire les cellules musculaires et produire de la viande sans nécessiter l’élevage ou l’abattage d’animaux. Cette innovation pourrait réduire considérablement la souffrance animale associée à la production de viande, ce qui est une avancée éthique majeure. Toutefois, cette méthode n’exclut pour l’instant pas toujours l’abattage puisqu’encore de nombreux milieux de culture contiennent du sérum bovin fœtal (FBS), qui est collecté dans le sang fœtal issu d’abattoirs d’animaux. [2]

Des risques sanitaires moindres

La viande produite en laboratoire présente un avantage significatif en terme de réduction des risques sanitaires. Ce processus de culture cellulaire permet de minimiser les risques de contamination par des agents pathogènes tels que les bactéries comme celles de type E. coli ou Campylobacter, qui proviennent généralement de l’intestin du bétail [4]. De plus, la production en laboratoire offre un environnement contrôlé et stérile, réduisant ainsi les risques liés aux maladies animales transmissibles à l’homme, comme la grippe aviaire ou la maladie de la vache folle.

Une pratique qui répond aux défis environnementaux ?

L’élevage est sans aucun doute un problème majeur pour l’environnement. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la production de viande conventionnelle représente une part considérable des émissions de gaz à effet de serre (18 %), de l’utilisation des sols (30 %), ainsi que de la consommation d’eau (8 %) et d’énergie mondiale. [1] La viande réalisée en laboratoire s’avérerait alors être une solution envisageable pour lutter face à ces enjeux. Or d’après de récentes études, il s’avère que cette nouvelle méthode aurait un impact environnemental qui pourrait sur le long terme être supérieur à celui de l’élevage. [1] Les infrastructures nécessaires sont en effet très demandeuses en énergies fossiles. De plus, le matériel en plastique nécessaire pour garantir la stérilité de la viande représente une grande quantité de déchets.

Cette viande in-vitro représente-elle un risque pour la santé du consommateur ?

La consommation de ce type de viande ne serait pas sans risque de part la présence d’hormones anabolisantes et de perturbateurs endocriniens. Ces molécules permettent en effet d’accélérer la multiplication cellulaire et ainsi obtenir en quelques semaines in vitro ce que l’animal ferait en plusieurs années. Or si ces hormones sont présentes chez l’homme, une surexposition à ces dernières peut avoir des effets délétères. [1]

Une acceptation de cette alternative à la viande d’élevage difficile à adopter

Une nécessité de conquérir les consommateurs

La viande fabriquée en laboratoire doit s’adapter aux attentes des consommateurs pour qu’elle puisse peu à peu remplacer la viande conventionnelle. Tout d’abord, le matériel nécessaire à sa conception coûte très cher, un coût qui ne garantirait pas un prix convenable pour la viande. [5] On compte aujourd’hui 46 euros pour une lamelle de 5mm d’épaisseur. [2]
Le visuel et l’appétence de la viande doivent également être travaillés pour conquérir le publique et lui donner envie de manger ces produits innovants. [4] Les consommateurs pourraient en effet être repoussés à l’idée de manger de la viande issue d’un laboratoire et non d’un pré.

La législation

La viande in-vitro est encore fabriquée à petite échelle, et si elle est adoptée dans certains pays comme à Singapour, ce n’est encore pas le cas pour beaucoup d’autres comme pour la France. En tant que nouvel aliment, la viande cultivée doit être autorisée par les autorités nationales pour être commercialisée ; concernant l’Europe il s’agit de la Commission européenne. [3] La mise en marché de ce produit sera alors encadrée par la législation « Novelfood ». [2] L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) étudiera le nouvel aliment pour déterminer s’il est sans danger. Ce processus peut toutefois durer plusieurs années.
Actuellement, les recherches sur la viande cultivée en laboratoire ne relèvent que du secteur privé avec une cinquantaine de startups sur le sujet.

Conclusion

La viande conçue in-vitro est ainsi une innovation qui pourrait révolutionner l’industrie agroalimentaire. Elle offre en effet une alternative potentielle à la production traditionnelle de viande, qui est souvent associée à des problèmes environnementaux, éthiques et sanitaires. Toutefois, cette méthode doit encore être développée pour résoudre certains défis comme son coût trop élevé. A ce stade la viande fabriquée en laboratoire ne peut pas remplacer celle conventionnelle c’est pourquoi de nombreuses recherches sont encore en cours. Des améliorations et contrôles sont encore nécessaire pour garantir la fiabilité de cette innovation.

Un des domaines de spécialisation à AgroParisTech est tourné vers l’agroalimentaire. AgroParisTech Service Etudes serait ainsi ravi de vous accompagner sur votre projet touchant de près ou de loin à cet univers.

03/07/23

Newsletter – Mai 2023

  • Durée de lecture: 4 minutes
  • Auteur : Jean-Baptiste Heude

Voici déjà cinq mois que le nouveau mandat est en place. A travers des projets comme le partenariat avec N7Consulting, nos membres sont affairés à développer la structure. Un autre projet d’envergure aura lieu le 3 juin au sein de notre école, AgroParisTech, sur le plateau de Saclay. 
ASE y organise la 2ème édition de la COP RSE, un évènement regroupant 20 Juniors-Entreprises autour de formations durant une journée. Celle-ci se clôturera par la signature d’une charte RSE par chaque junior. 

Enquête sur l’adaptation au changement climatique

Une agence publique œuvrant pour la gestion de l’eau a contacté ASE afin de présenter une stratégie d’adaptation au changement climatique. L’étude consistait à recueillir les avis d’une diversité de jeunes situés dans la région concernée et provenant de tous secteurs (associations, différents corps de métiers…) concernant la stratégie proposée.
Après quoi une analyse des avis a été effectuée ainsi qu’une synthèse sous la forme de deux rapports.

Étude bibliographique et sourcing 

ASE a réalisé une étude pour une entreprise spécialisée dans les domaines de la nutrition et des arômes. Cette dernière s’intéressait à l’activité antioxydante de cocktails de peptides présents dans divers aliments et boissons fermentées. Les étudiants ont fait une étude bibliographique sur cette activité et les processus de libération par fermentation ou hydrolyse enzymatique. Ils ont aussi rendu un sourcing de matières premières riches en protéines, et d’enzymes utilisables pour l’hydrolyse.

Étude de marché co-produit

ASE à réalisé une étude pour une plateforme B2B d’économie circulaire entre producteurs, transformateurs et industriels. Celle-ci cherche à promouvoir le recyclage de matières premières et de coproduits alimentaires et à limiter le gaspillage alimentaire. 
Les étudiants ont réalisé une étude de marché pour rendre compte des possibilités de valorisation des coproduits alimentaires. Ils ont en même temps appréhendé les contraintes législatives et sanitaires vis-à-vis de cette valorisation. Tout cela ayant pour but de permettre à la plateforme d’étendre son activité à de nouveaux secteurs alimentaires.

Promotion du biochar

Une entreprise qui produit et commercialise du biochar a fait appel à ASE afin de promouvoir son produit auprès des agriculteurs en tant qu’amendement du sol. La volonté s’inscrit dans une démarche visant à faire évoluer les pratiques agricoles et de lutter contre le réchauffement climatique. 
Les étudiants ont déterminé quantitativement et qualitativement l’effet du produit sur la production agricole des cultures. 
Il a aussi fallu soutenir la démarche du client et proposer des alternatives propres et durables aux intrants chimiques conventionnels, lui permettant ainsi d’étendre son marché aux producteurs agricoles.

Conclusion

La transition de notre école et donc de la Junior-Entreprise vers le plateau de Saclay crée un nombre d’opportunités sans précédent. ASE jouit de la proximité avec les autres Grandes Écoles pour organiser des évènements et signer des partenariats tel le partenariat Juniors-Entreprises du Plateau de Saclay. Tout cela est très prometteur pour notre structure.

01/05/23

L’offre 360° décarbonation d’ENGIE pour les entreprises

  • Auteur : Jean-Baptise Heude
  • Temps de lecture : 3 min

Ce n’est plus un mystère pour personne, il faut réduire notre empreinte carbone. ENGIE, en plus d’avoir décidé d’être net zéro carbone d’ici 2045, propose aux entreprises de réduire leur consommation de carbone tout en continuant leur croissance. Leur but : 45 Mt  CO2 d’émissions évitées d’ici 2030. L’offre passe par plusieurs points que nous allons étudier.

Créer sa stratégie de décarbonation et réfléchir à la notion d’efficacité énergétique

A l’aide d’ENGIE, vous allez dresser votre impact environnemental, émission du scope 3 incluse et élaborer une feuille de route réalisable afin de réduire vos émissions. Cette feuille de route comprend un mélange de solutions et de technologies permettant une performance énergétique et ainsi d’économiser de l’énergie tout en assurant les activités de votre entreprise. Toujours dans cette optique, l’offre s’accompagne d’un suivi de protocole IPMVP (Protocole International de Mesure et Vérification de la Performance Énergétique).

S’orienter vers des utilités et des énergies vertes

Il ne faut pas confondre utilités vertes et énergies vertes. ENGIE vous propose de travailler sur ces deux points. L’utilité verte consiste à exploiter au mieux vos productions sur site et ce qui est associé à vos productions. Par exemple, un surplus de vapeur lié à la fabrication d’un produit peut-être exploité afin de créer de l’énergie. 

Concernant les énergies vertes (aussi appelés renouvelables), ENGIE est expert en photovoltaïsme et peut apporter à votre site une énergie zéro carbone à prix compétitif sur un long terme. L’offre ne consiste pas seulement en la vente de panneaux mais aussi à dresser une stratégie efficace et en vous accompagnant pour la maintenance. 

De plus, ENGIE vous permettra aussi d’obtenir des contrats d’achat d’énergie verte certifiée établis selon vos besoins par GEMS, une entité d’ENGIE ne travaillant que sur la conduite de l’énergie.

Exploiter les réseaux de chaleur, de froid

Afin d’embrasser résilience et réduction de l’empreinte carbone, l’utilisation des réseaux de chaud et de froid urbains vous est proposée par ENGIE.

Déjà utilisés par la Défense, les réseaux de froid peuvent par exemple servir à la climatisation. La transition énergétique ne se fera pas sans ces réseaux et grâce à ENGIE vous ferez partie des acteurs de cette transition. Ces réseaux s’appuient sur plusieurs technologies et peuvent exploiter des énergies renouvelables et de récupérations déjà présentes sur le territoire.

Rendre les data centers 100% neutres en carbone

Ceci est rendu possible par une association par ENGIE d’énergies du réseau national et d’énergies renouvelables produites sur site (utilités vertes et photovoltaïsme). Bien entendu, cette démarche s’accompagne aussi de la mise en place d’un équipement de secours qui est lui aussi durable.

Repenser ses mobilités et considérer l’hydrogène comme source d’énergie

ENGIE vous accompagne également dans le choix des mobilités. Pour cela, un mélange de technologies est préférable. Par exemple, l’électrique pour les voitures, utilitaires, le bioGNV pour les camions, mais aussi l’hydrogène pour la mobilité lourde. 

Concernant l’hydrogène, il est principalement utilisé pour l’industrie et la mobilité lourde. Cette source d’énergie, encore assez méconnue du grand public, est un réel moyen pour votre entreprise de baisser l’empreinte carbone. Il permet de remplacer l’hydrogène gris dans les processus industriels mais est aussi employé dans les carburants de synthèse qui peuvent être produits à l’aide du C02 capté sur votre site.

Conclusion

Le réchauffement climatique et la dégradation des milieux naturels sont deux des grands enjeux du 21ème siècle. Néanmoins un mouvement est en marche pour relever ces défis. ENGIE fait partie des acteurs luttant pour préserver notre planète et vous engage à les suivre dans leur démarche tout en continuant vos activités. Ils vous proposent une autre démarche, plus respectueuse, plus verte mais pas moins efficace vous permettant d’atteindre vos objectifs.

Un des domaines de spécialisation à AgroParisTech se penche sur l’environnement et l’aide à la formalisation d’une démarche RSE. AgroParisTech Service Etudes serait ainsi ravi de vous accompagner sur votre projet touchant de près ou de loin à cet univers.

20/03/23

Le rôle du biochar dans la transition bas-carbone

  • Auteur: Orki
  • Temps de lecture: 5 min

La transition bas-carbone est devenue une priorité pour de nombreux pays et organisations en raison de l’impact environnemental des émissions de gaz à effet de serre (GES) sur le climat mondial. 

Réduire les émissions de gaz à effet de serre devient donc un impératif pour les entreprises.  

La législation impose de plus en plus aux entreprises réaliser le bilan carbone entreprise pour rendre compte de leur impact environnemental. La nécessité d’adopter des plans de transition devient un impératif. 

Certains référentiels, comme le Science Based Target, incitent à définir des trajectoires conformes aux accords de Paris et à compenser les émissions résiduelles en finançant des projets bas-carbone.

Les solutions de stockage de CO2 par les sols 

Les sols peuvent stocker de grandes quantités de carbone organique, ce qui peut aider à réduire la concentration de CO2 dans l’atmosphère. 

Les pratiques agricoles durables telles que la conservation des sols et l’agroforesterie peuvent aider à stocker du carbone dans les sols, mais il existe également des technologies spécifiques pour stocker du carbone dans les sols, comme le biochar.

Le stockage de carbone dans les sols grâce au biochar

Le processus de production du biochar implique la combustion de matière organique (tels que les déchets de bois, les résidus de cultures, les déchets alimentaires, etc.) dans un environnement contrôlé, en l’absence d’oxygène. 

Le biochar est un matériau très stable, qui peut rester dans le sol pendant des centaines, voire des milliers d’années. 

Le biochar permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre, en stockant du carbone dans les sols plutôt que de le laisser dans l’atmosphère. 

Le stockage de carbone dans les sols grâce au biochar peut également améliorer la qualité du sol en augmentant la capacité de rétention d’eau, la fertilité et la biodiversité. 

Cela permet notamment de réduire les besoins en engrais et d’améliorer la santé des plantes.

Biochar (Simon Dooley)

Les efforts en cours pour encourager l’utilisation du biochar

Malgré les avantages environnementaux du biochar, son utilisation reste relativement peu répandue. 

De plus en plus d’initiatives sont néanmoins mises en place pour encourager son utilisation dans la transition bas-carbone.

En France, le plan Ecophyto 2+ encourage l’agriculture de conservation, qui implique l’utilisation du biochar pour stocker du carbone dans les sols.

De même, le gouvernement canadien a lancé le Programme Agri-environnemental visant à encourager les pratiques agricoles durables, y compris l’utilisation du biochar.

Les entreprises ont commencé à explorer l’utilisation du biochar dans leurs opérations pour réduire leur empreinte carbone.

Par exemple, Microsoft utilise du biochar pour stocker du carbone dans les sols et réduire les émissions de gaz à effet de serre associées à ses opérations.

Plusieurs sources de financement existent pour le calcul du biochar : 

  • Des financements gouvernementaux et des subventions. 
  • L’émission de crédits carbone, qui peuvent être vendus sur le marché du carbone

L’International Biochar Initiative (IBI) est une organisation mondiale qui promeut l’utilisation du biochar pour la durabilité environnementale et agricole. 

De même, Biochar for Sustainable Soils est une organisation européenne qui vise à promouvoir l’utilisation du biochar pour la durabilité environnementale et l’agriculture régénérative.

15/01/23

Réforme de la Haute Valeur Environnementale (HVE): Vers la troisième voie de l’agriculture ?

  • Auteur: Loïck Berthiaud
  • Temps de lecture: 5 min

Alors qu’on oppose régulièrement agriculture biologique et agriculture  conventionnelle, une troisième voie semble s’ouvrir. Encore méconnue il y a peu  de temps, la certification HVE gagne du terrain. Son arrivée dans la PAC ainsi que  sa réforme lui permettront-elles de répondre aux nombreuses critiques qui lui sont adressées et de poursuivre ainsi sur une dynamique favorable ?

La place de la HVE aujourd’hui

La certification HVE (Haute Valeur Environnementale) existe depuis 2012 suite  aux rencontres politiques du Grenelle de l’environnement. Son ambition est de certifier tout type d’exploitation mettant en œuvre des pratiques plus respectueuses de l’environnement, à l’instar de l’AB (Agriculture Biologique).

logo du label HVE [A]

Quel paysage pour la HVE

En janvier 2022, près de 25 000 exploitations sont certifiées (dont 80% sont des exploitations viticoles), ce qui représente 6,4 % des exploitations et 4,4 % de la  surface agricole française[1], encore loin derrière le bio qui couvre 10% du  territoire national[2]. Pourtant, la HVE présente aujourd’hui une forte dynamique avec une progression de 73% entre 2021 et 2022[1]

Évolution du nombre d’exploitations certifiées HVE [B]

Les modes de certifications

Il existe actuellement 3 niveaux de certification[3], mais seul le dernier permet de bénéficier de la mention « Haute Valeur Environnementale. »

Pour être certifié niveau 3, deux méthodes sont possibles

L’approche thématique ou « Voie A » : elle se base sur une quarantaine de critères regroupés en 4 thématiques (biodiversité, phytosanitaire, fertilisation,  irrigation). Une note minimale sur chaque thématique permet d’être certifié. Par exemple, un des indicateurs de la thématique biodiversité est le nombre d’espèces végétales cultivées. Plus on cultive d’espèces, plus on gagne de points comme le montre le tableau ci-dessous.

L’approche globale ou « Voie B » : l’exploitation doit posséder une part conséquente de surface en prairies permanentes ou en IAE (Infrastructures d’Intérêts Agroécologiques, des haies par exemple) et les intrants ne doivent représenter qu’un faible poids dans le chiffre d’affaires.

Un label critiqué

Malgré sa dénomination, la certification peine à convaincre sur le plan environnemental. 

En effet, une étude non publiée de l’Office Français de la Biodiversité déplore « l’absence de plus-value environnementale »[4] tandis que le rapport de la Cour  des Comptes affirme que la HVE « n’apporte […] pas de garantie  environnementale suffisante à l’heure actuelle »[5]. Même au niveau Européen,  la HVE est critiquée quant à ses promesses environnementales comme écrit dans  une note de la Commission européenne le 31 mars dernier[6]

Réforme de la certification

Pour répondre aux critiques, mais surtout pour intégrer la HVE comme moyen  d’accéder au nouveau système d’éco-régime de la PAC 2023-2027, une révision de la HVE a été effectuée.

Nouvelle PAC et écorégimes 

L’arrivée de la nouvelle PAC 2023-2027 amène notamment un durcissement de la conditionnalité ainsi que la fin du paiement vert (paiement découplé versé aux exploitants respectant certains critères environnementaux), désormais remplacé par les éco-régimes[7]. Ces éco-régimes sont des aides à vocations environnementales allant au-delà de la nouvelle conditionnalité.

Le PSN (Plan Stratégique Nationale), document qui définit les modalités au niveau national de la PAC, permet d’accéder aux éco-régimes  via 3 voies non cumulables[8]:

– Niveau standard de l’éco-régime : voie CE-2+ (60€/ha)

– Niveau supérieur de l’éco-régime : voie HVE (82€/ha)

– Niveau spécifique de l’écorégime : AB (112€/ha)

Ainsi, la France a répondu à la note de la Comission Européenne du 31 mars et a différencié les montants des aides entre l’AB et la HVE. 

Révision de la certification

Le travail a été initié fin 2021 afin d’être terminé au moment de la mise en œuvre de la nouvelle PAC, le 1er janvier 2023[9]. Cette rénovation s’est faite grâce à plusieurs groupes de travail associant représentants professionnels agricoles, ONG environnementales, experts techniques et scientifiques ainsi que l’administration. Le nouveau référentiel a reçu un avis favorable de la commission en charge du dossier (Commission nationale de la certification environnementale), de la commission européenne et a été soumis à la consultation du public. Il est entré en vigueur le 1er janvier 2023.

Contenu de la nouvelle certification

La nouvelle version supprime la Voie B de la certification et propose une révision de la voie A avec des changements au niveau des critères,  indicateurs et seuils[10]. Ainsi, des items sont ajoutés comme la taille des parcelles ou encore la vie du sol. Il y a aussi eu une modification des seuils et des critères avec par exemple le passage de 4 à 5 ou 6 espèces cultivées pour gagner un point dans l’item de diversification.

Il est possible de trouver l’ensemble du nouveau référentiel ici.

Quel avenir pour la HVE ?

Malgré les oppositions, la HVE poursuit sa dynamique et cela ne semble pas prêt de s’arrêter. En effet, la certification a récemment pu bénéficier du soutien des pouvoirs publics avec un crédit d’impôt suite au Plan de relance du gouvernement[11]. La certification rentre également dans les 50% de produits de qualité imposés par la loi Egalim dans la restauration collective [12]. Enfin, de plus en plus d’industriels et de distributeurs demandent la certification pour accéder aux marchés [13]. Ces nouveaux avantages ainsi que la nouvelle PAC devraient permettre de maintenir la dynamique et de viser les 50 000 exploitations certifiées en 2030 comme le voudrait le gouvernement[1].

Conclusion

La certification HVE est désormais bien intégrée dans le paysage agricole français et devrait continuer à prendre de l’importance dans les prochaines années. Elle permet d’offrir un compromis entre l’AB, aux exigences plus strictes, et l’absence de certifications.

Certaines spécialisations à AgroParisTech se penchent sur l’aide à la formalisation d’une démarche RSE ou encore sur l’optimisation de processus agricoles. AgroParisTech Service Etudes serait ainsi ravi de vous accompagner sur votre projet touchant de près ou de loin à cet univers.

08/12/22

La COP 27

  • Autrice : Clara Martinot
  • Temps de lecture : 6min

Le 6 Novembre 2022 a eu lieu l’ouverture de la 27ème édition de la COP (Conference of the parties) à Sharm El Sheikh en Égypte. Selon le Président Abdel Fattah El-Sissi, elle constitue une opportunité d’agir unis contre une menace que l’on ne peut affronter qu’ensemble : le changement climatique. [1]
Cet événement très médiatisé réunit les représentants de presque 200 pays qui y discutent des enjeux majeurs pour le climat.

Quel est l’origine de cet événement ? Comment s’est déroulée la COP 27? Quels sont les enjeux et controverses des COP ?

L’origine et les objectifs de la COP

Afin de mieux comprendre la COP27 et ses enjeux, il est nécessaire de connaître son histoire ainsi que les objectifs des COP antérieures.

Origine et évolution

Les COP ont lieu tous les ans depuis 1995. Avant chaque COP, des intersessions ou « pré-COP » ont lieu afin de préparer les négociations très médiatisées de la conférence. Elles permettent alors d’identifier les points de convergence et ceux où plus de travail reste nécessaire.

La première COP s’est tenue à Berlin en 1995, elle avait pour but de réduire les émissions de gaz à effet de serre des États membres. La COP 21, en 2015, à Paris, a permis la signature du 1er accord universel sur le climat. Signé par 194 pays, il a pour but de maintenir le réchauffement climatique sous la barre de 2°C. Ces accords sont juridiquement contraignants : les pays signataires qui ne les respectent pas auront des sanctions. [2]

Ambitions et objectifs de la COP

L’objectif de la COP est de réunir les dirigeants du monde entier malgré les crises géo-politiques et de trouver un terrain d’entente sur le climat. L’enjeu majeur serait surtout de passer des négociations aux actions concrètes. [3]

La COP27 repose sur 4 axes majeurs. Ils correspondent tout d’abord à l’atténuation du réchauffement climatique et à l’adaptation aux conséquences du changement climatique. Mais ils comprennent aussi le financement pour remplir les engagements ultérieurs et la collaboration entre les différents pays. Cette collaboration comprend une participation active des pays Africains, victimes d’une grande partie des catastrophes climatiques. [1]

Le déroulement

Les COP sont des événements internationaux de grande ampleur. Ils possèdent une organisation importante, dans laquelle interviennent plusieurs acteurs majoritairement politiques.

Le lieu de la COP27

En 2022, la COP a pris place en Égypte

Le pays hôte porte la présidence de l’événement, il est très respecté et son rôle principal est de s’assurer que de nombreuses décisions importantes soient prises afin de réduire le changement climatique. En cette année 2022, un enjeu majeur a été soulevé par la localisation de la COP. En effet, elle a eu lieu sur le continent Africain, où les pays en développement et leur forte croissance constituent un challenge important. [4]

Le calendrier de la COP

Une COP dure environ 11 jours, cette année elle a eu lieu entre le 7 et le 20 novembre 2022. Chaque jour était porteur d’une thématique

Calendrier des thématiques abordées lors de la COP

La place des étudiants dans les négociations

Une volonté de l’ambassadeur Wael Aboulmagd était que les jeunes, les femmes, et plus largement la société civile soient représentés, qu’ils puissent participer et contribuer aux échanges dans cette COP. De plus, chaque année des élèves de différentes écoles dont AgroParisTech partent aux Conférences des Parties (COP). Ainsi, ils assistent aux négociations en cours et représentent le corps étudiant dans cette instance internationale.

Un avenir ?

Malgré l’histoire et l’organisation importante des COP, ces négociations ont-elles vraiment un impact ? Pouvons-nous imaginer qu’elles constituent une solution durable à la crise climatique majeure à venir ?

La sensibilisation des civils dans la COP

Malgré la volonté de l’Égypte d’inclure les représentants civils, leur rôle est principalement consultatif.

Ainsi, Greta Thunberg, la jeune militante suédoise pour le climat dénonce le côté « greenwashing » omniprésent dans les COP. Elle dénonce également une action pour le climat de niveau trop faible par rapport à l’importance des enjeux.[5]

De nombreuses manifestations ont lieu sur place pour convaincre les dirigeants avant les accords mais aussi à travers le monde pour sensibiliser sur la problématique environnementale. [6]

Les projections sont-elles réalisées ?

Niveau de respect des accords signés à la COP [8]

Selon un rapport de Climate Action Tracker, seul un pays respecte les accords de Paris en limitant ses émissions de gaz à effets de serre. Ainsi, il est possible de questionner la légitimité des négociations et accords signés lors des COP. [7]

En conclusion, la COP27 représente des enjeux majeurs dans la lutte contre le changement climatique. Elle a permis de sensibiliser et rassembler le monde face à ces problématiques. De nombreux progrès ont déjà été réalisés notamment grâce aux accords de Paris. Elle est cependant beaucoup associée à des controverses et des défauts. La plus grande polémique reste l’incohérence de centaines de jets privés qui se rendent à une conférence censée lutter contre les émissions de gaz à effet de serre.

Conclusion

Face aux menaces environnementales qui ne cessent d’augmenter, le sommet de la COP s’avère nécessaire afin de coopérer mondialement.

L’établissement d’accords entre pays sous peine de sanctions permet de s’assurer d’un investissement mondial dans cette lutte. On note également une sensibilisation du public pour la cause environnementale. Une certaine révolte contre des décisions non tenues par les gouvernements semble d’ailleurs faire face.

Un des domaines de spécialisation à AgroParisTech se penche sur le conseil et aide à la formalisation d’une démarche RSE. AgroParisTech Service Etudes serait ainsi ravi de vous accompagner sur votre projet touchant de près ou de loin à cet univers.

12/09/22

Quand les hommes se tournent vers les plantes pour se soigner : la recrudescence de la phytothérapie

  • Autrices : Leïla Marliac et Audrey Kislin
  • Temps de lecture estimé : 9 minutes

Durant des milliers d’années, la phytothérapie a constitué la principale source de remèdes contre de nombreuses maladies. Cependant, avec l’avènement de la chimie à la fin du XIXe siècle et la découverte de nouveaux médicaments, cette science ne fut plus que des « remèdes de grand-mère » aux vertus incertaines.  

Cependant, cette mise à l’écart n’a duré qu’un temps. L’apparition d’effets secondaires de la plupart des médicaments de synthèse, les prix des productions, mais également les progrès scientifiques et techniques réalisés ces dernières années ont fait émerger une nouvelle phytothérapie. Celle-ci réconcilie les traditions ancestrales, les preuves d’une efficacité scientifique et une haute technicité garante de la qualité et sécurité des produits. Elle assure également le respect du végétal.  

Aujourd’hui, 75% des Français envisagent d’utiliser des traitements naturels (homéopathie, phytothérapie, apithérapie, aromathérapie) [0] et 17% des Français utilisent la phytothérapie.

De nos jours, la phytothérapie a donc le vent en poupe. Qu’est-ce que la phytothérapie et comment expliquer son succès ?

Qu’est-ce que la phytothérapie ?

Par définition, la phytothérapie est une médecine douce qui traite et prévient certaines maladies ou troubles par l’usage des plantes. Les plantes médicinales utilisées contiennent naturellement de nombreuses substances qui peuvent agir sur notre organisme. Par exemple, les phénols sont des composés aromatiques qui ont des propriétés antiseptiques et antibactériennes. Les tanins ont un rôle asséchant et astringent. Quant aux flavonoïdes (responsables de la couleur jaune, orange ou rouge des fruits et fleurs), ils génèrent des effets laxatifs. D’autres composés peuvent être néanmoins toxiques, comme les alcaloïdes (morphine, nicotine). [1] Chaque espèce de plante contient des substances qualitativement et quantitativement différentes.

Le thym est une plante aromatique très prisée en phytothérapie pour ses propriétés anti-infectieuses et antioxydantes. On l’utilise notamment en cas de troubles respiratoires ou gastro-intestinaux. Elle contient entre autres deux principes actifs : le thymol, un puissant anti-inflammatoire, et l’apigénine, aux propriétés antioxydantes et antitumorales.
Thym en fleurs
Thymol
Apigénine

Le thym est une plante aromatique très prisée en phytothérapie pour ses propriétés anti-infectieuses et antioxydantes. On l’utilise notamment en cas de troubles respiratoires ou gastro-intestinaux. [2] Elle contient entre autres deux principes actifs : le thymol, un puissant anti-inflammatoire, et l’apigénine, aux propriétés antioxydantes et antitumorales. [3]    

On utilise aussi bien les racines, les tiges, les fleurs et les feuilles des plantes médicinales selon l’utilisation que l’on veut en faire. Cependant, on consomme rarement les plantes brutes, il s’agit de les préparer afin de faire ressortir les composés d’intérêt.

Quelques exemples de méthodes de préparation…

  • L’infusion : il s’agit de porter des plantes fraîches ou sèches dans une eau en ébullition puis de les refroidir rapidement. Cette méthode permet d’extraire les principes actifs par solubilisation. L’eau froide solubilise les sels minéraux, pectines, mucilage et alcaloïdes tandis que l’eau chaude solubilise partiellement les huiles essentielles. Plus les plantes sont ligneuses et plus le temps d’infusion est long. [1]
  • La décoction : Elle concerne les tiges, écorces, racines et fruits. Il s’agit de faire bouillir ces parties végétales entre 10 et 30 min. [1]
  • La fumigation : Il s’agit de porter les plantes à ébullition ou d’en faire une combustion et d’utiliser les vapeurs ou fumées qui en résultent. [1]
  • La teinture : Des plantes fraîches sont d’abord hachées puis doivent macérer 3 semaines dans de l’alcool à 95°. [1] Un malaxage a lieu régulièrement en absence de lumière afin de favoriser l’extraction des principes actifs vers la phase liquide. On extrait ensuite le liquide par filtration.
  • Les extraits fluides : On les obtient par extraction des principes actifs en plongeant les plantes dans différents mélanges de concentration en alcool croissante. On peut les mettre dans une solution neutre glycérinée à la fin. [1]
  • Les huiles essentielles : Elles s’obtiennent par distillation d’une plante dans de l’eau ou par entraînement à la vapeur. [1] 
  • La gélule : Les plantes sont pulvérisées puis encapsulées dans des gélules de gélatine vides à l’aide d’une machine. La gélule offre l’avantage de conserver le plus longtemps possible les vertus thérapeutiques des principes actifs qui y sont contenus, une facilité d’usage et l’absence de goût du produit absorbé. [4]
  • Le cataplasme : Il s’agit d’une pâte épaisse médicinale que l’on applique sur la peau en la faisant tenir grâce à un linge. La peau étant perméable, les principes actifs qu’il contient vont pénétrer à travers la peau.

Dans quels cas utiliser la phytothérapie ?

La phytothérapie possède un très large champ d’applications. Elle peut être efficace contre des pathologies aiguës ou chroniques mais aussi en prévention. Elle peut également permettre d’accompagner des traitements allopathiques pour en potentialiser les effets ou améliorer le bien-être des patients. Ainsi, la phytothérapie peut aider à venir à bout de nombreuses maladies mais certainement pas de toutes les pathologies. En effet, on ne soigne pas le cancer par la phytothérapie. En revanche, il est possible d’accompagner la prise en charge des effets secondaires liés aux traitements. 

La logique de traitement est différente entre la médecine classique et la phytothérapie. La médecine moderne est substitutive, c’est-à-dire que les médicaments classiques régularisent les fonctions de l’organisme et le soulagent du besoin de s’autoguérir. En phytothérapie, on utilise également les plantes comme des médicaments pour réguler les fonctions du corps, mais elles aident aussi le corps humain à se soigner.

Cependant aujourd’hui, il n’est plus question d’opposer traitements à base de plantes et médicaments issus de la chimie, mais au contraire de les associer. Le médecin nutritionniste, botaniste Ed. Fayard a déclaré : « Nous avons en France 13 millions de personnes polymédiquées avec des risques d’accidents liés aux interactions (10 à 20% des hospitalisations après 65 ans sont liés à un mésusage des médicaments). L’intérêt de certaines plantes est de limiter la prise de médicaments de synthèse et de permettre une décroissance médicamenteuse ». La logique de traitement est donc différente entre la médecine classique et la phytothérapie.

Quels risques pour la santé ?

Ce n’est pas parce que la phytothérapie utilise une matière première naturelle qu’elle est sans danger et sans contre-indications. Certaines plantes sont toxiques, d’autres risquent d’interagir avec des médicaments et de provoquer des effets indésirables

Par exemple, on déconseille le ginkgo, un puissant fluidifiant, si le patient consomme des médicaments anticoagulants (aspirine, héparine, etc.) pour risque d’hémorragie. Pour la même raison, on recommande de ne pas consommer de thé, d’ail ou de gingembre en association avec le ginkgo. [5] La grande difficulté de la phytothérapie est de ne pas créer d’interactions négatives entre les plantes utilisées. Elle requiert donc une bonne connaissance des plantes et il est conseillé de se renseigner auprès d’un professionnel de santé.

De plus, certaines plantes sont contre-indiquées pour la grossesse et l’allaitement, celles-ci pouvant être toxiques pour le fœtus. [6] L’EMA (Agence européenne du médicament) contre-indique l’usage de certaines plantes chez les enfants de moins de 12 ans, et très souvent chez les moins de 18 ans.

Quelle réglementation régit actuellement la phytothérapie ?

En France, on regroupe les plantes médicinales dans les PPAM (Plantes à Parfum, Arômes ou Médicinales). Deux-tiers des PPAM ont pour finalité l’extraction des huiles essentielles et 7 plantes (lavande, pavot, sauge, estragon, thym, lavandin, ginkgo biloba) couvrent 90% des surfaces de culture des PPAM. [1]

La plupart des plantes commercialisées proviennent de l’importation de différents pays. Un important contrôle qualité a lieu sur le marché des plantes car selon le pays producteur, les plantes n’ont pas les mêmes teneurs en principes actifs. [1]

La Pharmacopée est un registre qui regroupe l’ensemble des plantes que seules les pharmacies peuvent commercialiser. [7] Ce document enregistre les plantes selon leurs effets et les parties toxiques ou contenant les principes actifs. Il peut être utilisé pour déterminer quelle partie de la plante (tige, feuille, racine, etc.) consommer pour se soigner.

Au vu de l’engouement pour la phytothérapie, il est facile d’imaginer l’augmentation de la cueillette sauvage ces dernières décennies. Cependant, la cueillette sauvage de plantes manque aujourd’hui cruellement de réglementation et met en danger la biodiversité de ces dernières.

Conclusion

Ainsi, la phytothérapie se présente aujourd’hui comme la solution vers laquelle se tourner pour éviter la surmédication. Il est cependant nécessaire de connaître ses dangers et ses limites. Un des domaines de spécialisation à AgroParisTech se penche sur la pharmacologie, les bioproduits et la santé. AgroParisTech Service Etudes serait ainsi ravi de vous accompagner sur votre projet touchant de près ou de loin à cet univers en pleine renaissance.

22/01/21

La génétique, une clé pour lutter contre l’obésité

  • Temps de lecture estimé : 5 min
  • Auteurs : Clémence CARO & Julie PERRIN & Elisa PIOT

En 2017 en France, le taux d’obésité atteint 15,3% [1] de la population adulte. L’obésité représente ainsi un véritable enjeu de santé publique. Dans les pays occidentaux, on parle même d’épidémie d’obésité. De nombreuses pistes de traitements sont aujourd’hui explorées pour soigner les personnes atteintes de cette pathologie. En 2010, il a été prouvé que de nombreux gènes sont responsables de l ‘obésité. 30 à 80% des variations de poids chez les adultes atteints d’obésité sont déterminées génétiquement [2]. Les chercheurs s’intéressent depuis au développement de traitements génétiques. En novembre, la découverte de la fonction d’un nouveau gènes apporte de nouveaux espoirs thérapeutiques. Des scientifiques américains ont mis à jour le rôle de Prkar2a dans le contrôle de l’envie de manger gras et sucré, et dans le contrôle de la motivation sportive. Comment ce nouvel arrivant dans la carte génétique [3] de l’obésité change-t-il les perspectives de traitement de l’obésité ?

Prkar2a, un gène exprimé dans le cerveau qui influence le système de récompense: comment fonctionne-t-il ?

Le gène Prkar2a code la protéine du même nom, Protein Kinase cAMP-Dependent Type II Regulatory Subunit Alpha. Il s’exprime dans une région arrière du cerveau (l’habenula), impliquée notamment dans la dépression, l’addiction, les systèmes de récompense et la motivation

Comment le gène Prkar2a fonctionne-t-il à l’échelle moléculaire ? L’AMPc est une molécule-signal indispensable pour la diversité des fonctionnements cellulaires. Elle agit en activant la Protéine Kinase A, une enzyme centrale dans les voies de signalement cellulaire, qui transduit le signal par phosphorylations successives. Cette Protéine Kinase A est composée de deux sous-unités de régulation et de deux sous-unités catalytiques. La protéine Prkar2a est une des sous-unités de régulation possibles, pouvant être phosphorylée par l’activation d’une sous-unité catalytique. Elle peut alors interagir avec d’autres protéines, déterminant ainsi la localisation cellulaire de la Protéine Kinase A. Ainsi, le gène Prkar2a régule le transport et la localisation des protéines. [4]

Elaborer un traitement contre l’obésité à partir de Prkar2a 

Des expériences de knock-out, technique de génétique moléculaire permettant d’invalider un gène cible,  ont été réalisées sur le gène Prkar2a des souris. L’information génétique contenue dans le gène n’est alors plus traduite et la protéine Prkar2a fonctionnelle n’est plus synthétisée. Une diminution de l’expression de Prkar2a conduit alors à un dysfonctionnement de signalisation de la Protéine Kinase A. La localisation dendritique des sous-unités catalytiques de la Protéine Kinase A dans les neurones de l’habenula étant altérée, cela se répercute sur les messages neuronaux envoyés. La perturbation de la signalisation de la Protéine Kinase A altère la phosphorylation d’une protéine (la DARPP-32), phosphorylation activant indirectement, à l’état sauvage, la sensation de récompense perçue sous une alimentation grasse. 

Une récente étude de chercheurs du National Institute of Health [4] a ainsi montré que l’inactivation de ce gène pouvait entraîner une diminution de l’expression du système de récompense lié à la nourriture et, parallèlement, une augmentation de la motivation à faire de l’exercice. Cette combinaison d’influences donne de l’espoir dans la recherche d’un traitement contre l’obésité induite par l’alimentation. En effet, même si aucune expérience n’a encore été menée sur l’Homme, il présente également le gène Prkar2a dont le rôle est semblable à celui chez la souris, c’est pourquoi les résultats obtenus chez la souris offrent des perspectives prometteuses.

L’obésité est une maladie complexe, agir sur un seul gène peut-il suffire ?

Depuis une dizaine d’années, de nombreuses équipes de chercheurs se sont penchées sur la composante génétique de l’obésité. L’implication de centaines de gènes  a été révélée. La plupart des formes d’obésité sont dites polygéniques. Dès lors, quel gène cibler pour réaliser un traitement ? Prkar2a ou un autre ? Cette question ne fait pas consensus. Il existe deux théories : agir sur les gènes s’exprimant dans le cerveau comme Prkar2a, ou agir sur les gènes s’exprimant dans les tissus adipeux (tissus constitués de cellules stockant les lipides, les adipocytes, communément appelés graisses). 

En effet, certains gènes impliqués dans le métabolisme des lipides, s’ils sont désactivés, permettent un destockage massif de la matière grasse sans changement de régimes alimentaires, et sans augmentation de l’activité physique. Par exemple, d’après une étude récente (août 2020 [5]), réguler l’activité du récepteur membranaire PPARγ dans les adipocytes constituerait un potentiel traitement. Lors d’une activité physique, les myocytes (cellules musculaires) communiquent avec les adipocytes via la sécrétion de myokine. Cela active le métabolisme des lipides. Une modification de PPARy amplifie le signal, ce qui entraîne un métabolisme accru.

Conclusion

L’obésité est une maladie complexe dont le traitement miracle est encore loin d’être abouti malgré les nouveaux travaux prometteurs en génétique. Il est également peu probable que la thérapie génique soit utilisée comme seule stratégie. L’environnement (dimension socio-culturelle), et le comportement constituent également des facteurs conduisant l’excès pondéral. Bien que la découverte de gènes comme Prkar2a soit prometteuse, travailler sur des composantes structurelles comme l’environnement alimentaire est aussi essentiel pour stopper la propagation épidémique de l’obésité.


Bibliographie

13/01/21

Devenirs de quelques Alumnis et jeunes entreprises prometteuses

  • Temps de lecture estimé: 5min
  • Auteur: Clara Bolac

A l’occasion de la création d’un calendrier de l’Avent publié sur notre compte Instagram, nous avons pu interviewer d’anciens étudiants d’AgroParisTech. Ils travaillent désormais au sein de jeunes entreprises françaises très prometteuses. Voici donc un court article pour vous présenter ces différentes entreprises et le rôle qu’occupent ces Alumnis en leur sein.

Microphyt, une startup spécialisée dans l’utilisation de microalgues dans les domaines de la nutrition et de la cosmétique

La première entreprise avec laquelle nous avons eu l’occasion de travailler est Microphyt.
C’est une start-up française créée en 2007 et basée dans l’Hérault. Fort de son savoir-faire et de son expertise en biotechnologie, Microphyt puise au sein de la diversité des microalgues pour en révéler des propriétés uniques en leur genre à destination des industries des secteurs de la cosmétique et nutraceutique.

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Microphyt a développé une technologie hydro-biomimétique exclusive, actuellement opérationnelle à large échelle sur sa plateforme de production.
Le système métabolique spécifique de ces microalgues est mis au service de la cosmétique, notamment pour protéger la peau des UV et de la pollution. Microphyt travaille sur l’identification, le développement et la production industrielle autour des microalgues.

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Elle travaille aussi dans le domaine de la nutrition où la start-up a réussi à développer en 4 ans des produits à base de microalgues, qui sont élevées dans des conditions écologiques (sans OGM, pesticides ni produits polluants).
Par ailleurs, le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans augmente fortement et atteindra 20% de la population mondiale d’ici 2050. Microphyt a donc décidé de développer des produits qui ont pour but d’aider à la préservation des fonctions cognitives et de prévenir des maladies liées à l’âge, comme la perte de mémoire. Cette jeune entreprise a été désignée par le Figaro comme l’une des 120 start-up françaises les plus prometteuses [1]. Son PDG est Vincent Usache, ancien étudiant d’AgroParisTech. Nous lui avons posé quelques questions sur son parcours.

Il a tout d’abord réalisé un Master en Biologie Marine & Océanographie (Université Pierre & Marie Curie – Paris VI), dont son stage portait déjà sur les microalgues. Vincent a ensuite intégré AgroParisTech où il s’est spécialisé dans les Sciences Animales. Intéressé par le domaine technique en sortie d’école c’est après une dizaine d’année d’expériences professionnelles dans le domaine des ingrédients naturels et de la biotech au sein de plusieurs groupes internationaux qu’il reprend le chemin de l’école.
Il intègre alors Audencia School à Nantes pour y valider un MBA spécialité entreprenariat dans les biotechnologies. En 2013 il rejoint l’équipe de Microphyt, puis travaille avec Arnaud Muller-Feuga, le fondateur de la société, afin de lever des fonds pour la start-up. Il prend ensuite la direction du projet. L’intérêt de l’Agro lorsque l’on veut devenir entrepreneur c’est que l’on a une vision globale des grands enjeux sociétaux sur lesquels on peut entreprendre ainsi que les bases pour le faire selon Vincent Usache. Petit bonus, le conseil de Vincent Usache pour les étudiants souhaitant travailler dans une start-up ou monter leur entreprise : « L’idée clé est surtout de vouloir être le moteur de « son » projet professionnel, de le faire répondre à ses objectifs personnels et d’avoir la main dessus. Il y a de multiples façons d’y parvenir mais toutes passent, je pense, par de la détermination, de la persistance et du travail. »

Loumaë, une jeune entreprise partie de la volonté de créer des céréales pour des consommateurs exigeants

La seconde entreprise avec laquelle nous avons pu travailler est Loumaë. Elle est née des mains de Laury Galarza, une ancienne étudiante d’AgroParisTech. Son but premier, se nourrir autrement.
A l’heure où les produits que nous achetons sont transformés par l’industrie agroalimentaire, Laury a décidé de fabriquer des céréales pour le petit-déjeuner. Et pas n’importe quelles céréales ! En effet, son but est de proposer un petit-déjeuner sain, local et bon. Ainsi 70% des ingrédients viennent de France et 60% de leurs céréales sont vendues en vrac, dans des commerces locaux. Les ingrédients utilisés sont peu nombreux et sont ceux que l’on retrouve dans nos cuisines.

brown grain field

Laury s’est lancée tôt dans le monde de l’agriculture puisqu’elle a réalisé un bac en sciences et technologies de l’agronomie et du vivant à la suite duquel elle a suivi un BTS en production animale avant d’effectuer une prépa ATS. Elle intègre ensuite AgroParisTech en 2014 où elle se spécialise dans la Gestion et innovation dans les entreprises du vivant (GIPE). Au cours des stages qu’elle a pu faire, elle prend conscience que les produits sont ultra transformés et particulièrement les céréales pour enfants. De là a germé son idée.

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Laury lance Loumaë après son stage de fin d’étude et reçoit de l’aide après avoir été lauréate du Jury Entreprendre de la fondation AgroParisTech en 2019. Ses produits sont aujourd’hui distribués en vrac dans des magasins bio ou zéro déchet ainsi que par internet, depuis leur site. Un an après le lancement de son entreprise, Laury travaille désormais sur le développement de granolas afin d’étendre sa gamme de produits. L’entreprise compte désormais un employé à plein temps en plus de Laury et elle accueille plusieurs stagiaires sur l’année. Son petit conseil pour ceux qui veulent entreprendre : Bien s’entourer lors de la réalisation du projet et oser car il n’y a pas grand-chose à perdre, à part vivre une super expérience.

TreeFrog Therapeutics, une startup spécialisée dans la production de masse de cellules et dans la thérapie cellulaire

La dernière entreprise avec laquelle nous avons travaillé est TreeFrog Therapeutics. Cette startup est basée à Bordeaux et a été créée en 2018. Elle a également intégré la Frenchtech120, réunissant 120 startups françaises prometteuses [1]. TreeFrog est spécialisée dans le domaine de la santé et assure une production de masse de cellules grâce à une technologie d’encapsulation unique, qui permet d’amplifier et de différencier des cellules souches dans des bioréacteurs industriels. TreeFrog permet de rendre les thérapies cellulaires plus accessibles grâce à cette nouvelle technologie qui assure des cellules de qualité, à des coûts réduits et à développement clinique plus rapide.
 Au sein de ces bioréacteurs, les cellules souches sont encapsulées avec de l’alginate (polysaccharide contenu dans des algues brunes telles que le fucus). Ces capsules sont faites d’une matrice extracellulaire ressemblant à celles du vivant. Ces dernières sont poreuses, ce qui permet aux nutriments, aux gaz et aux facteurs de différenciation de les traverser. A la fin du processus, les cellules sont récupérées en dissolvant la capsule d’alginate.
Cette technologie de pointe appelée C-stem aboutit à la création de 1000 capsules par seconde.


Ces cellules une fois différenciées sont récupérées et peuvent être utilisées pour traiter des problèmes cardiaques, les diabètes ainsi que des maladies neurodégénératives telles que la maladie de Parkinson. Apportons quelques précisions sur l’exemple du diabète. Dans ce cas précis, la thérapie cellulaire permet d’obtenir à partir de cellules souches, des cellules productrices d’insuline qui sont ensuite transplantées dans le pancréas de patients diabétiques [2]. La thérapie cellulaire possède donc de nombreux domaines d’application et c’est ce qui fait de TreeFrog Therapeutics, une startup très prometteuse.

blue red and yellow abstract painting


Une Alumni y travaille à l’heure actuelle et nous a permis de l’interviewer sur son poste. Lucie Remichius a d’abord suivi une prépa BCPST avant d’entrer à AgroParisTech où elle a choisi la spécialité parcours Biologie Cellulaire et Moléculaire du domaine 4 [3]. Elle a réalisé sa troisième année d’école à Polytechnique Montréal afin de se spécialiser en Génie Biomédical. Elle est actuellement ingénieure R&D. Son travail chez TreeFrog consiste notamment à faire de la recherche en laboratoire. Elle réalise par ailleurs des veilles technologiques et du travail de bibliographie afin de trouver des pistes d’optimisation du processus.             

              Nous sommes très fiers d’avoir eu l’opportunité de travailler avec des entreprises si inspirantes et avec ces Alumnis au parcours impressionnant. Nous espérons par ailleurs mettre en avant les nombreuses possibilités qui s’offrent aux étudiants sortant d’AgroParisTech, de part leur formation mais également grâce au large réseau Alumni.  

21/12/20

Viticulture et changement climatique : inventaire et évolutions

  • Temps de lecture estimé : 5 minutes
  • Auteurs : Anne de Lignières & Clara Bolac

A l’heure où le changement climatique ne fait plus matière à débattre mais semble être imprimé dans l’esprit de tous, le monde doit commencer à s’adapter aux modifications qu’il connaît. Des animaux migrent, des espèces s’en trouvent menacées tandis que notre agriculture elle aussi va devoir évoluer. Le premier type de culture impacté en France est par ailleurs la viticulture, qui est très sensible au climat. Nombreux sont ceux qui ont pu remarquer d’ailleurs l’avancement des dates de vendanges.

Changement climatique : comment affecte-t-il la vigne ?

La viticulture est l’une des cultures les plus sensibles aux variations climatiques. En effet, son potentiel viticole et œnologique est grandement déterminé par le climat de la région. C’est d’ailleurs pour cela que de nombreux vins se protègent à l’aide des appellations AOC (Appellation d’Origine Contrôlée), AOP (Appellation d’Origine Protégée) qui elle s’étend au niveau européen ou encore l’IGP (Indication Géographique Protégée). Ces trois gages de qualités dépendent entre autres d’un critère géographique bien précis qui assure la présence d’un certain climat, responsable des qualités gustatives du vin. 

L’accélération soudaine du réchauffement climatique peut se voir au travers de nombreux chiffres. Par exemple, sur la période 1961-1990, le réchauffement était de +0,27°C par décennie contre +0,35°C sur la période 1990-2010. D’un autre côté, la pluviométrie annuelle diminue sur le long terme, ce qui se traduit par une diminution des intempéries. Combinée avec la hausse des températures, les plantes subissent une évapotranspiration plus importante (augmentation de 20 millimètres par décennie) les rendant plus sensibles à la sécheresse. Enfin, tous ces changements étant irréversibles, et les prédictions étant difficiles à établir, l’adaptation de la viticulture au climat s’en trouve d’autant plus compliquée.

C’est pour cela que le changement climatique inquiète tout particulièrement les viticulteurs. Dans les changements actuellement visibles, on note une modification des stades phénologiques de la vigne (c’est-à-dire les dates remarquables telles que les vendanges ou encore les durées de différents stades). La composition même du raisin s’en trouve également altérée. Que ce soit le degré d’alcool ou encore des profils sensoriels, les caractéristiques de certains cépages changent et cela est majoritairement dû au changement climatique d’après une étude de Cook et Wolkovich 2016 [1].

black round fruits on green grass field during daytime

Si on prend l’exemple plus précis de Montlouis-sur-Loire [2], l’accélération du réchauffement climatique se traduit par de nombreux changements. Cela augmente le nombre de jours durant lesquels la température est telle qu’elle provoque le grillage des grains. De plus, cela favorise une fermentation non désirée en automne. Et enfin ceci conduit à l’augmentation des jours à forte évapotranspiration menant à un stress hydrique de la vigne supérieur.

D’un autre côté, on observe une diminution des jours de gel, essentiels à la réalisation de la dormance entraînant la floraison. Ainsi qu’une perturbation des cycles de croissance de certains parasites de la vigne.

 La transition agroécologique de la vigne: des programmes pour initier cette transition

Actuellement, l’agroécologie se développe dans le secteur viticole pour tenter d’atténuer les effets du changement climatique sur la vigne.. “L’agroécologie est une façon de concevoir des systèmes de production qui s’appuient sur les fonctionnalités offertes par les écosystèmes.” (définition du ministère de l’agriculture et de l’alimentation,  [3]). Elle développe les potentialités des écosystèmes pour limiter les pressions sur l’environnement et préserver les ressources naturelles.

Différents programmes sont mis en place afin d’aider les viticulteurs dans cette transition. En Nouvelle-Aquitaine, le projet VitiREV a pour objectif principal de réduire l’utilisation de pesticides en viticulture [4].  Le lauréat du grand plan d’investissement “Territoires d’innovation” de l’Etat [5] va recevoir une importante participation financière de l’Etat de 73,6 millions d’euros qui va être débloquée sur 10 ans, permettant de garantir la pérennité de ce projet. Un des objectifs est d’accompagner et de soutenir les viticulteurs et les professionnels de la vigne dans leur transition vers de nouvelles pratiques. Le challenge de la protection des sols et celui du développement de la biodiversité sont au cœur du programme. Le projet a aussi pour but d’inciter un dialogue entre les différentes parties prenantes intervenant dans le secteur: viticulteurs, citoyens, associations, pouvoirs publics… Enfin, par ce programme, la région Nouvelle-Aquitaine espère devenir l’ambassadeur de l’agroécologie française. Au travers de la viticulture, la région aimerait inciter les autres domaines agricoles à entamer leur transition.

En Occitanie, le groupe opérationnel GASCOGN’INNOV s’est mis en place grâce à un partenariat européen pour l’innovation. Constitué d’une quinzaine de viticulteurs, de biologistes du sol, d’agronomes et de conseillers, ce groupe agit sur le terrain pour mettre en place des indicateurs innovants permettant de comprendre le fonctionnement biologique des sols et d’évaluer la biodiversité. Ce travail de recherche vise également à trouver des méthodes “pour intégrer les informations issues de ces indicateurs dans le pilotage des systèmes de culture.” D’ici deux ans, les résultats de ces travaux de recherches seront diffusés et peut-être transposés à l’ensemble du domaine viticole français voire européen. GASCOGN’INNOV se veut en effet acteur de la transition notamment dans le champ de la viticulture [6].

Finalement, l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) a publié, en 2017, un Guide de l’agroécologie en viticulture pour informer les différents publics sur le [7]. La vigne française commence donc sa transition par l’information et la sensibilisation auprès des différents acteurs. A terme, cela devrait permettre une réduction de l’usage de pesticides et une meilleure intégration de la vigne dans son écosystème. 

La viticulture biologique, un moyen d’atténuer les effets du changement climatique

Avec la prise de conscience qu’a eu la société sur le changement climatique, l’agriculture biologique s’est intensément développée ces dernières années. Avec ces 9% des vignes cultivées en agriculture biologique, la France est le 3ème producteur mondial de vin bio [8]. La viticulture biologique se caractérise principalement par une diminution de l’utilisation de produits chimiques et une préservation du terroir, assurant la pérennité des vignobles. Ainsi, ce mode de viticulture permet d’atténuer les effets du changement climatique en développant de nouvelles pratiques, plus respectueuses de l’environnement [9].

Cependant, selon un article publié le 27 janvier dernier dans PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences), la France perdrait 24 à 56% de sa surface viticole avec un réchauffement de +2°C [9], surface dépendant de pratiques viticoles. 

Finalement, bien que les vignes se soient sans cesse adaptées aux variations climatiques à travers les siècles, le changement climatique d’aujourd’hui et des prochaines décennies risque de modifier profondément la viticulture française et mondiale. C’est pourquoi, des projets naissent dans l’optique de repenser cette filière et d’accompagner les viticulteurs dans leur transition vers un vignoble plus durable. Le développement de la viticulture biologique  en est un exemple. Chez AgroParisTech Service Etudes, nous pouvons vous aider à réaliser des études, pour vous accompagner dans cette transition de la vigne et plus largement dans le domaine de la viticulture ou encore de l’agroécologie. Nous sommes à votre disposition pour tout échange, et toute notre équipe est en mesure de vous aider à faire grandir vos projets. N’hésitez pas à nous contacter, nous serons ravis de discuter avec vous !