10/01/22

L’essor du “reconditionné”

  • Autrice : Leila
  • Temps de lecture estimé : 4 minutes

Le mardi 2 novembre, un texte de loi visant à renforcer la régulation environnementale du numérique a été adopté par le Parlement. Une des mesures évoquées dans ce texte porte sur la limitation du  renouvellement des appareils numériques,  « dont la fabrication représente 70% de l’empreinte carbone du numérique en France ». [1] 

Une des solutions en plein essor ces dernières années pour limiter la production des objets électroniques est le reconditionnement. En effet, dans un monde où le numérique est omniprésent et où ces objets sont devenus indispensables à une grande partie de la population, il est essentiel d’évaluer leur impact écologique sur notre planète et de trouver des solutions à cette problématique au plus vite.

Le reconditionnement, un marché en plein expansion pour les professionnels…

Fructueux, efficace et écologique, le reconditionnement d’objets électroniques est devenu, en quelques années, une alternative qui attire de plus en plus d’adeptes. Il se définit par une remise en état d’un produit mais se différencie du matériel d’occasion. Les smartphones, tout comme les ordinateurs, les aspirateurs, les consoles de jeux, les appareils photos, les machines à café, les lave-linges sont éligibles à ce dernier. Au vu du nombre d’objets électroniques commercialisés chaque année autour du globe, le marché du reconditionné se révèle gigantesque, avec à la clé un impact positif indiscutable sur l’environnement mais aussi un enjeu financier colossal.

Ainsi, depuis une dizaine d’années, de nombreuses startups et entreprises se lancent dans le reconditionnement et les acteurs se multiplient sur ce marché [2]

● les reconditionneurs comme Remade, Recommerce, Smaaart, Certideal

● les places de marché comme Backmarket qui mettent en relation les consommateurs et des reconditionneurs en France et partout dans le monde

● les opérateurs de téléphonie et les grandes surfaces qui développent des offres de produits reconditionnés pour leurs clients (en partenariat avec des reconditionneurs). 

…mais aussi très attractif et économique pour les consommateurs.

Les prix attractifs et les longues périodes de garantie séduisent les clients. La preuve en est, aujourd’hui 1/3 des Français a déjà acheté un produit reconditionné d’après une étude menée par Rebuy [3]. Les smartphones reconditionnés sont en moyenne 30 à 40% moins cher que les neufs, tout en offrant un niveau de performance égal et une durée de vie égale voire plus longue. En 2020, 2,6 millions de téléphones reconditionnés ont été vendus en France, contre 16 millions de neufs. L’écart entre les deux marchés reste grand mais les ventes de smartphones reconditionnés ne cessent de croître : elles étaient en hausse de 4% en 2019 et ont même connu une augmentation de presque 20% en 2020 [4].

Par ailleurs, pour alimenter ce marché il est nécessaire que les utilisateurs cèdent leurs anciens téléphones. Il y a quelques années, le processus était compliqué : les prix de reprise étaient complètement différents entre les recycleurs, et les consommateurs étaient souvent mal informés à propos des points de collectes, ou des avantages de reconditionner son smartphone au lieu de le jeter. Mais grâce à des plateformes comme CompaRecycle, un comparateur en ligne, il est aujourd’hui possible de revendre simplement ses objets connectés au meilleur prix tout en favorisant leur reconditionnement en France. Il faut savoir qu’une personne reçoit en moyenne 120 euros pour la reprise de son téléphone, un bénéfice non négligeable pour le consommateur [5]

Mais quels sont les réels avantages du “reconditionné” sur le plan écologique ?

L’impact positif du reconditionné est porté par la suppression de l’empreinte environnementale de production des objets électroniques, mais également celle de leur destruction. On peut s’appuyer sur les propos de Erwann Fangeat, ingénieur au sein de la direction Économie circulaire et Déchets de l’Agence de la transition écologique (Ademe) qui affirme que “ 75% de l’impact écologique d’un smartphone est lié à sa fabrication, donc acheter un téléphone qui a déjà été fabriqué fera un différentiel écologique très important.” [4] Bien sûr, l’industrie du reconditionné a elle-même un impact négatif sur l’environnement : il y a le transport chez le reconditionneur, le changement éventuel d’une pièce (une batterie ou un écran, par exemple). Mais cet impact est en moyenne 3 fois inférieur à celui de la production d’un appareil neuf. [6]

De plus, ce tableau comparatif [5] met en lumière l’économie de matières premières et de la diminution de l’empreinte carbone lors de l’achat d’un smartphone reconditionné : 

Enfin, l’achat d’un appareil remis à neuf est un moyen efficace de lutter contre la surproduction de déchets électroniques et la surconsommation globale de notre société.

Conclusion

Ainsi, le reconditionnement semble limiter considérablement l’impact négatif des objets électroniques sur notre planète. Cependant, la surconsommation reste une des tares de notre société comme le montre ce chiffre : 88% des Français.e.s changent de téléphone alors que l’ancien fonctionne toujours [7]

Par ailleurs, le texte adopté le mardi 2 novembre, ne modifie pas la taxe réduite sur les produits reconditionnés, ce que déplorent certains acteurs du milieu qui souhaiteraient “exonérer les produits reconditionnés et ainsi garantir la compétitivité du reconditionnement” [1].

AgroParisTech Service Etudes porte une attention particulière à son impact écologique ainsi qu’à celui des entreprises avec qui elle travaille, avec une volonté de contribuer à une dynamique plus respectueuse des valeurs qui lui sont chères. 

20/12/21

Un escadron de 10000 drones pour une agriculture française de précision

  • Auteurs : Romain et Pauline
  • Temps de lecture estimé : 4 minutes

Il y a de cela quelques années, Jeff Bezos affirmait la chose suivante : « le drone est l’outil de demain ». Aujourd’hui, la France est le deuxième plus grand consommateur de drones civils sur la planète[1] . Elle ne se limite cependant pas à une utilisation récréative. Depuis 2012, l’agriculture française les utilise pour l’observation et le traitement de parcelles et ce sont dorénavant 10 000 drones qui survolent nos terres agricoles[2]. Là où jusqu’à présent, l’irrigation et l’apport d’intrants se faisaient sur tout un champ en application générale, l’utilisation de drones permet une approche individuelle et raisonnée.

Une cartographie des cultures par les airs

Les drones sont tout d’abord utilisés pour leur capacité à réaliser des photographies aériennes de grande qualité. Même si le survol des surfaces agricoles par drone est encore minoritaire (0.5% selon une étude de l’INRA en 2018[2]), la vue aérienne à grande résolution d’une culture et son exploitation par des logiciels spécialisés permet une étude précise de l’état de la culture : stress hydrique, présence d’adventice, stress azoté, etc. 

Figure 1 : Image thermique du stress hydrique d’un plan de vigne (University of Melbourne)

L’angle de vue pris, la période de la journée et le type de caméra embarquée sont autant de paramètres à prendre en compte lorsque l’agriculteur souhaite survoler son champ. Les présences d’adventices aux pieds des vignes, de plants morts ou précoces ou encore de zones humides peuvent être localisées à partir d’une simple vue aérienne tandis que le stress hydrique, les besoins en azote et la présence de nuisibles sont détectés par imagerie multispectrale

Une réponse spécialisée et individuelle par drone

L’application des drones dans le milieu agricole ne s’arrête pas là. Des tests de pulvérisation d’intrants et d’arrosage ont été réalisés en 2019 dans différentes régions de France. La conclusion ? Une précision du dosage et de la surface ciblée équivalente à une pulvérisation manuelle et une exposition moindre pour l’exploitant

Malgré une gamme de modèle encore assez faible (10% des fournisseurs spécialisés en proposent[3]), le drone agricole semble donc être porteur de promesses : 

  • maniabilité
  • précision des opérations
  • acquisition de données
  • protection de l’utilisateur, économie de produits et gain de main d’œuvre
  • meilleure gestion des parcelles 

Tous ces arguments font de lui le futur outil phare de l’agriculteur et de l’agronome.

Les difficultés rencontrées par les agriculteurs

Le principal frein à l’emploi de drone en agriculture est le prix d’achat du drone : 30 000 à 50 000 euros pour un drone. Ce à quoi il faut additionner le coût des logiciels d’exploitation des données. 

Le cadre légal français est plutôt propice à l’emploi d’une telle technologie en matière de photographie, les normes à respecter étant les mêmes que pour un drone de loisir. Pour l’épandage, cela est plus délicat, puisqu’il s’agit de traitement aérien. Une dérogation était en place jusqu’en octobre 2021 pour permettre un épandage par drone pour des cultures présentant une pente de plus de 30%[2]. L’Union Européenne s’est alors saisie du sujet. Une formation pour l’usage de drone agricole, un cadre légal et une estampille CE (sans laquelle un drone ne pourrait voler) devraient bientôt voir le jour[4].

Conclusion

Le drone agricole semble être un outil incontournable, quoique coûteux, pour les agriculteurs et agronomes de demain. Pour Emmanuel de Maistre , président de Redbird, interviewé par France Inter[3] : l’enjeu central de l’emploi de drone agricole « est d’économiser sur l’utilisation des produits, engrais ou pesticides, et d’augmenter la qualité et les performances des productions ». Une mise en application de l’agriculture numérique pour des pratiques plus raisonnées, voilà ce que peut être l’avenir du drone en France.

Pour mieux comprendre les impacts de l’utilisation de drones dans des exploitations agricoles, n’hésitez pas à contacter ASE, nous serons heureux de pouvoir répondre à vos interrogations et travailler avec vous.